En Syrie, les rebelles soutenus par les États-Unis ont annoncé être engagés dans une lutte acharnée contre l'EI pour libérer la ville de Manbij. Il s'agit d'un nouveau front de guerre alors que les regards étaient jusque-là tournés vers Raqqa.
Dans le Nord de la Syrie, une bataille peu médiatisée se déroule sur les rives de l’Euphrate. Les milices rebelles syriennes, soutenues par les États-Unis, et l'organisation de l'État islamique, s'affrontent pour le contrôle de Manbij, ville aux mains des jihadistes.
"Nous confirmons que cette campagne se poursuivra jusqu'à la libération de chaque pouce de territoire de Manbij et de ses environs", ont déclaré, jeudi 2 juin, dans un communiqué, les Forces démocratiques syriennes et un "conseil militaire de Manbij".
Selon le texte, lu au bord de l'Euphrate par un commandant rebelle, Adnan Abu Amjad, tous les groupes ethniques de la région, Arabes, Kurdes, Turkmènes et Adyguéens sont représentés au sein de ce conseil militaire.
"Nous exhortons notre peuple dans la ville de Manbij à rester éloigné de tous les centres et des positions où sont présents les terroristes de Daech parce qu'ils seront la cible de nos forces. Nous appelons (les habitants) à prendre des mesures pour assurer leur sécurité", indique le communiqué rebelle. "Nous appelons aussi notre peuple de Manbij à offrir son aide à nos forces."
Manjib, "l’une des premières villes que l’EI a administrée"
Après plusieurs semaines de préparatifs discrets, cette offensive sur Manbij a été annoncée mercredi par des responsables américains. La coalition internationale avait alors déclaré avoir mené 18 frappes aériennes sur des positions de l’EI dans cette localité. Les frappes ont notamment détruit sur les dernières 24 heures "un poste de commandement", "des tours de communication", "six ponts utilisés par l'EI", et "huit positions de combat", selon le bilan quotidien des bombardements publié par le Centcom, le commandement militaire américain au Moyen-Orient.
Les combattants arabes et kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), un groupe rebelle soutenu par la coalition, ont également lancé une offensive mardi pour reprendre la ville à l’EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Selon Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes pour France 24, cette localité dont on parlait peu jusqu'à présent est "une ville symbolique pour les jihadistes". "C’est l’une des premières villes que l’EI a administrée et contrôlée complètement. Ils y ont mis en place une justice islamique, construit des écoles, tissé des liens avec les notables locaux."
Détourner l’attention vers Raqqa, "une tactique de guerre"
Cette opération est par ailleurs révélatrice d’une stratégie des forces combattantes, poursuit Wassim Nasr. "On a beaucoup entendu parler de l’offensive de Raqqa alors qu’autre chose se préparait ailleurs", commente-t-il. "Cela fait partie des tactiques de guerre, des opérations psychologiques : on nous laisse penser que cela va se passer dans un endroit alors que cela se passe dans un autre", explique le spécialiste, précisant que les Kurdes se trouvent à seulement une quinzaine de kilomètres de Manbij.
#Syrie alors que tout le monde parlait de la "bataille de #Raqqa" les préparatifs étaient en cours pr l'offensive de #Manbij
— Wassim Nasr (@SimNasr) 2 juin 2016L'opération sur la poche de Manbij vise à couper l'accès de l'EI au territoire syrien le long de la frontière turque, que les jihadistes utilisent comme base pour assurer la circulation des combattants étrangers venant d'Europe ou y repartant. Les jihadistes contrôlent une bande frontalière de 80 km de long qui s'étend à l'ouest de Djarablous, au nord de Manbij.
Une source kurde interrogée par Reuters à Beyrouth a prédit mercredi que Manbij tomberait en quelques jours, en précisant que les défenses des jihadistes sur la rive occidentale de l'Euphrate s'étaient effondrées dès le début de la campagne.
Avec AFP et Reuters