Bagdad veut reprendre la ville de Falloujah, aux mains de l'organisation de l'État islamique. Douze ans après la célèbre bataille entre l'armée américaine et Al-Qaïda, la ville s'apprête à vivre un nouvel affrontement d'envergure.
Le Premier ministre irakien, Haïdar al-Abadi, a annoncé, lundi 23 mai, le lancement d'une opération militaire pour reprendre à l’organisation État islamique (EI) la ville de Falloujah, située à seulement 50 kilomètres de Bagdad. La bataille pour la reconquête de ce bastion jihadiste, hors de contrôle depuis près de deux ans et demi, s'annonce comme l'une des plus difficiles dans la guerre menée contre l'EI en Irak.
"Le drapeau irakien sera hissé et flottera haut au-dessus des terres de Falloujah", a affirmé le Premier ministre dans un communiqué. Selon Haïdar al-Abadi, des soldats, des membres des forces spéciales, de la police, des milices et des tribus pro-gouvernementales vont participer aux opérations pour reprendre la ville. Un soutien aérien de la coalition internationale menée par les États-Unis est également attendu.
Préparant l’attaque imminente, de puissantes milices irakiennes se sont déjà déployées autour de Falloujah. Mais selon des responsables irakiens, les milices chiites participant à l'offensive pourraient voir leur action limitée, afin d'éviter d'attiser les tensions avec les résidents sunnites de la ville. Autre acteur de poids dans cette bataille contre l’EI, la coalition internationale dirigée par les États-Unis a mené la semaine dernière sept frappes aériennes dans la région, et Bagdad a annoncé avoir bombardé la ville avec des F-16 mis à disposition par les Américains.
La population prise au piège
Dimanche, le Commandement irakien des opérations a prévenu les civils se trouvant toujours à Falloujah, soit plusieurs dizaines de milliers de personnes, qu'ils devaient quitter la ville. Ceux qui sont dans l'impossibilité de partir doivent accrocher un drapeau blanc sur leur maison et se tenir loin des positions de l'EI, a ajouté le Commandement.
Des responsables irakiens ont fait état ces dernières semaines du départ de dizaines de familles mais l'EI a tenté d'empêcher les civils de quitter la ville. De leur côté, les forces pro-gouvernementales ont été accusées par l’ONG Human Rights Watch d'empêcher l'entrée de nourriture dans Falloujah, en proie à des pénuries, notamment de médicaments. La ville, qui comptait auparavant environ 300 000 habitants, abrite aujourd’hui plus de 75 000 civils d’après les médias locaux.
Une bataille stratégique
L’EI s’est emparé de Falloujah en janvier 2014, après le retrait de l'armée irakienne. La ville est depuis devenue l'une des ses principales places fortes. Le groupe ultraradical avait ensuite lancé en juin 2014 une offensive fulgurante qui lui avait permis de s'emparer de vastes pans du territoire irakien à l'ouest et au nord de Bagdad, écrasant les membres des forces irakiennes, pourtant plus nombreux.
Depuis, les forces de sécurité, entraînées et aidées par les Américains, qui bombardent les positions de l'EI, ont regagné du terrain face aux jihadistes dans la province d'Al-Anbar, où se situe Falloujah, en reprenant notamment la ville de Ramadi.
Toutefois de larges parts de cette province restent néanmoins aux mains des jihadistes, notamment Falloujah, ainsi que la grande majorité de la province de Ninive (nord), dont sa capitale Mossoul. La bataille pour reprendre Fallouja devrait être l'une des plus compliquées que les forces de Bagdad aient jamais conduites.
Avec AFP