Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a limogé sept de ses ministres dimanche soir portant à quinze le nombre des membres de son gouvernement démis de leurs fonctions, en seulement quinze jours.
Robert Mugabe a beau être en vacances en Asie, ce sont plutôt ses ministres qu’il met en vacances. Dimanche 21 décembre, la présidence zimbabwéenne a confirmé avoir limogé deux ministres ainsi que cinq vice-ministres. En tout, ils sont quinze à avoir été congédiés par Robert Mugabe en quinze jours. La vice-présidente du chef de l'État, Joice Mujuru, a été démise de ses fonctions.
Le communiqué laconique publié par la présidence précise que "la conduite [de ces ministres] et leur performance n’ont pas atteint les niveaux requis". La ministre aux Affaires présidentielles, Flora Bhuka, et le ministre d’État au bureau de la vice-présidence, Sylvester Nguni, ont été remerciés ainsi que les vice-ministres de la Santé Paul Chimedza, de la Justice Fortune Chasi, des Affaires rurales Tendai Savanhu, du Travail Tongai Muzenda et des Transports Petronella Kagonye.
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Les alliés de Joice Mujuru, l’héritière déchue, dans le collimateur
Le point commun entre ces sept ministres licenciés ? Ils sont tous considérés comme des alliés de l’ancienne vice-présidente, Joice Mujuru, elle-même limogée avec sept ministres et un vice-ministre le 9 décembre.
Le chef d’État avait accusé d’incompétence, de corruption et de complot d’assassinat sur sa personne, Joice Mujuru, celle qui a longtemps été considérée comme l'héritière probable du président, âgé de 91 ans, au pouvoir depuis 1980.
Pour bien marquer son territoire, Robert Mugabe a même nommé à la vice-présidence le ministre de la Justice Emmerson Mnangagwa, un dur du régime, ennemi juré de Joice Mujuru. Il lui a laissé les clefs du pays pendant son mois de vacances en Asie, jusqu'à la mi-janvier.
Un terrain préparé pour Grace Mugabe, la femme de Robert ?
Pendant que certains sont écartés de la vie politique, une personne apparaît de plus en plus comme une figure de premier plan : Grace Mugabe, 49 ans et épouse du président zimbabwéen, semble prendre du galon depuis plusieurs semaines.
Elle a notamment été nommée à la tête de la Ligue féminine de la Zanu-PF, le parti de Robert Mugabe. L'épouse de ce dernier a également obtenu un doctorat en philosophie à l’Université de Harare, où elle ne s’était inscrite que quelques mois auparavant. Un diplôme qui avait surpris l’opinion publique, certains n’hésitant pas à voir là une stratégie vers l’ascension politique de la première dame.
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Grace Mugabe, longtemps surnommée "Disgrace" ou encore "Gucci Grace" en raison de son goût avéré pour le luxe est donc l’une des bénéficiaires, avec l’ancien ministre de la justice Emmerson Mnangagwa, de la mise à l’écart de sa principale rivale, Joice Mujuru.
Cependant, il lui faudra peut-être attendre 2023 avant de pouvoir accéder à la fonction suprême : le 7 décembre, les militants du Zanu-PF ont investi Robert Mugabe comme futur candidat à l’élection présidentielle zimbabwéenne en 2018. Il aura alors 94 ans.