
L’abominable homme des neiges ne serait ni homme ni singe. Il s’agirait plutôt d’une espèce d'ours inconnue, d’après un généticien britannique. Une explication qualifiée de "crypto-zoologie bon teint" par un paléo-généticien contacté par FRANCE 24.
Yeti, y es-tu ? À cette question, Bryan Sykes, un généticien britannique de l’Université d’Oxford, a répondu “très probablement”, jeudi 17 octobre. Non pas qu’il a mis la main sur le mythique “abominable homme des neiges”, mais ce scientifique pense avoir trouvé l’animal à l’origine de cette légende d’un monstre mi-homme, mi-singe qui a traversé les siècles depuis les témoignages d’Alexandre le Grand, les premiers à ce sujet.
Pour Bryan Sykes, le Yeti n’aurait en fait rien ni d'un homme… ni d'un singe. Il s’agirait, d’après lui, plutôt d’un croisement, jusqu’à présent inconnu du monde scientifique, entre un ours brun et un ours polaire. “C’est un ours qui se comporterait différemment des autres, peut-être de manière plus agressive et qui se déplacerait plus facilement sur deux pattes”, extrapole-t-il dans le quotidien britannique “The Daily Telegraph”. D’où la confusion avec le Yeti.
Cette découverte a été rendue possible en comparant des poils de deux animaux non-identifiés, rapportés de deux endroits séparés de 1 285 km dans l'Himalaya et d’où proviennent les plus nombreux témoignages de “rencontres” avec un soi-disant Yeti. Non seulement ces deux échantillons appartiennent à la même espèce d’animal, mais Bryan Syke affirme avoir pu établir “une concordance à 100 %” avec les traces ADN d’une espèce d’ours polaire qui habitait en Norvège il y a au moins 40 000 ans.
Mais comme les poils examinés étaient bruns, Bryan Sykes ne pense pas que des descendants de cet ours polaire aient migré jusqu’aux sommets de l’Himalaya. Pour lui, l’une des explications les plus probables est qu’il “s’agit d’une hybridation, un croisement entre un ours polaire et un ours brun” qui a donné lieu à un type d’ours qui correspondrait aux caractéristiques prêtées au légendaire Yeti.
"Crypto-zoologie bon teint"
Ça relève de la “crypto-zoologie bon teint”, assure Régis Debruyne, un paléo-généticien au Museum national d’histoire naturelle. “Les informations rendues publiques ne permettent pas, d’un point de vue scientifique, de dire si ce soi-disant ours correspond bien à ce que les témoins ont pris pour le Yeti”, assure-t-il.
Selon lui, toutes les conclusions avancées par Bryan Sykes sont, pour l’heure, à prendre avec des pincettes. D’abord parce que “les poils ne sont pas les meilleurs matériaux pour faire un séquençage idéal de l’ADN”, affirme-t-il. Bryan Syke n’a, d’après cet expert, pu travailler grâce à ces échantillons que sur de l’ADN issu de génome mitochondrial qui ne “raconte que la moitié de l’histoire car il ne correspond qu’à la partie de l’ADN transmis par la mère”. Pour avoir une image complète de l’histoire de l’animal, de sa migration, de son évolution, il faut analyser l’ADN dite nucléaire qu’on trouve dans les tissus organiques.
Ensuite, l’hypothèse d’un ours, de la famille des ours brun, perdu dans l’Himalaya a de quoi étonner. “Si c’est exact, c’est en soi une découverte”, s’étonne Régis Debruyne. Les ours bruns ne sont, en effet, pas connus pour évoluer à une telle altitude et ne sont pas adaptés aux conditions de vie dans l’Himalaya.
Enfin, l’annonce de Bryan Syke ne permet même pas d’affirmer que les poils proviennent bien d’ours. “Pour cela, il faudrait connaître la quantité exacte et la qualité des poils analysés”, souligne Régis Debruyne. Des informations qui devraient se trouver dans l’article que le généticien britannique a soumis à une revue scientifique dont le nom n’a pas été rendu public. Ou alors dans la série de documentaires consacrés au Yeti qui débute, opportunément, à la télévision anglaise dimanche 20 octobre, et qui s’inspire des travaux de Bryan Syke.