L’incroyable succès de l’équipe cycliste britannique aux JO a été accueillie avec méfiance en France. Irrité par ce manque de fair play, le Premier ministre britannique a conseillé aux Français de rester "dignes" dans la défaite.
Le Premier ministre britannique David Cameron a gentiment brocardé les Français sur les accusations de tricheries que le camp tricolore, relayé par la presse française, ne cessent de colporter à tout va. Au cours d’une interview diffusée sur France 2 le 8 août, David Cameron s’est vu demander s’il pouvait garantir la légitimité de la victoire de l’équipe cycliste britannique. La réponse fut brève. "Je sais que la défaite est difficile à admettre pour une grande nation du cyclisme comme la France, mais nous avons bel et bien gagné à la loyale et si la France en avait fait autant, je vous aurais félicité." Rappelons que la Grande-Bretagne a décroché l'or dans sept des dix compétitions du vélodrome olympique, dont deux victoires mémorables remportées face l’équipe de France.
Roues Mavic et dopage ?
La DTN (directrice technique national française, NDLR), Isabelle Gautheron, a confié au journal l’Equipe les sérieux doutes qu’elle avait sur les roues des vélos anglais. "Ils cachent beaucoup leurs roues, celles des vélos utilisés en compétition sont cachées dans des housses dès l'arrivée, raconte Isabelle Gautheron. Contrairement aux cadres, les roues ne doivent pas être homologuées par l'UCI. Ont-ils vraiment des roues Mavic ?" Les médias français lui ont rapidement emboité le pas en envisageant l’hypothèse du dopage.
Ironie du sort, il s’avère que les roues de la marque Mavic, auxquelles Isabelle Gautheron fait référence, sont fabriquées en France par la même société qui fournit l’équipe tricolore. "Les Français doivent connaître le secret de nos roues puisque c’est vous-même qui les fabriquez !" a d'ailleurs lancé, sarcastique, David Cameron au journaliste français.
La méfiance ne date pas d’hier. Le climat de suspicion vis-à-vis du cyclisme britannique n’a cessé de prendre de l’ampleur pendant Tour de France avec la victoire de Bradley Wiggins. Tout au long de la course, les journalistes français n’ont eu de cesse de questionner Wiggins et ses coéquipiers de la Sky Team sur le dopage.
Une attitude à l’encontre de l’esprit olympique
Pour David Cameron, la suspicion française va l’encontre de l’esprit olympique. "C’est absurde d’avoir des doutes sur des athlètes parce qu’ils ont gagné. Normalement, on félicite les vainqueurs, on leur dit 'bravo !'"
Les Jeux Olympiques ont mis à l’épreuve l’entente cordiale des deux nations. Le Premier ministre britannique a été de toute évidence passablement énervé par la question de son interviewer. Le lendemain, David Cameron a relaté l’échange télévisé aux auditeurs de la BBC Radio 2. "J’ai été interviewé par des journalistes de la télévision française et ils nous ont pratiquement accusés d’avoir triché". Il a ajouté que le succès anglais avait rendu les Français fou, faisant allusion à la victoire de Wiggins. "Je pense que de voir flotter l’Union Jack sur les Champs Elysées a été un coup très dur à encaisser."
La colère n’a cessé de monter côté français aux JO de Londres depuis que les coureurs britanniques ont battu les Français en vitesse par équipe. Certains journaux français, à l’instar de la Charente libre le 3 août, n’ont pas hésité à répandre l’idée que le britannique Philip Hindes avait triché au cours d’une manche de qualification. Insatisfait de son départ, le coureur aurait feint de tomber pour bénéficier d’un nouveau départ.
Furieux de la défaite de son compatriote Grégory baugé contre l’anglais Jason Kenny, le pistard mayennais François Pervis s’est fendu d’un tweet pour le moins explicite : "la sodomie continue". Et d’ajouter sur le même réseau social, "je suis sûr qu’ils sont propres mais leur équipement…Tout le monde ici dit la même chose, leur équipement n’est pas conforme aux règles."
La majorité des Français pensent les Anglais trichent
Un sondage réalisé par L’Equipe posait la question suivante à ses lecteurs : "les victoires des cyclistes britanniques aux Jeux de Londres sont-elles entachées de tricherie ?" 70% d’entres eux ont répondu positivement.
Dave Brailsford, le directeur technique britannique est resté sourd aux accusations portées contre son équipe. Selon lui, les secrets de sa victoire se cachent dans la minutie qui a été apportée au travail. "Concernant les plaintes françaises, nous aimons toujours plaisanter sur les rivalités entre la France et l’Angleterre, mais nous restons concentrés sur ce que nous faisons."
Les Français auraient-ils mal digéré que Paris n'accueille pas les JO ? Les Français ont encore beaucoup à apprendre du fair play britannique.