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Les conservateurs abordent les législatives dans la division

Le 2 mars prochain commencent les élections législatives iraniennes, premier scrutin depuis la réélection controversée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence, en 2009. Un scrutin auquel les conservateurs se présentent très divisés.

Les 48,3 millions d'électeurs iraniens sont appelés à élire leurs 290 députés parmi 3 444 candidats à partir du 2 mars prochain.

Ces élections législatives ont lieu alors que l’Iran est de plus en plus isolé sur la scène internationale en raison de son programme nucléaire controversé et alors que le pays ressent les effets des sanctions économiques qui lui sont imposées, notamment par les États-Unis et par l’Union européenne. Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, est par ailleurs fragilisé par des critiques venant de son propre camp. Pour preuve, le 7 février dernier, une pétition signée par une centaine de députés intime au président iranien l’ordre de venir s’expliquer devant le Majlis, le Parlement, sur sa politique économique. Une initiative sans précédent...

Ces élections sont, en outre, les premières organisées à l'échelle nationale depuis la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, en 2009, qui avait embrasé le pays et fait descendre des milliers de personnes dans les rues pendant huit mois.

Le camp des réformateurs affaibli par de profondes divisions

Si le pouvoir et les médias officiels ont d’ores et déjà appelé la population à participer massivement au scrutin pour répondre aux "menaces des ennemis" du régime, une partie de l’opposition réformatrice a décidé de le boycotter pour protester contre la répression dont elle a été victime il y près de trois ans.

Pour Thierry Coville, spécialiste de l’Iran et chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), "le camp vert est victime de ses divisions". Ainsi, l'ancien président réformateur Mohammad Khatami n'a pas pris position. Son prédécesseur conservateur, Akbar Hachemi Rafsandjani, en froid avec le pouvoir actuel, a en revanche apporté un soutien implicite à l’opposition en recevant des délégations des mouvements réformateurs ayant décidé de participer au scrutin.

De petits partis réformateurs présentent toutefois quelques listes à Téhéran et en province, dans l'espoir de maintenir leur présence au Majlis, le Parlement comptant actuellement une soixantaine de députés qui leur sont affiliés.

Lutte d’influence au sein du camp conservateur

Mais si 3 444 candidats ont été autorisés à briguer les 290 sièges du Majlis, la bataille va se jouer entre des conservateurs plus divisés que jamais au sein d'une nébuleuse de coalitions créées pour la circonstance et aux contours souvent flous.

"Bien qu’il poursuive sa politique sans sourciller, Ahmadijenad est très critiqué pour sa politique économique, même chez les partisans du régime", confirme Thierry Coville.

"Le principal enjeu de ces élections est par conséquent la bataille que se livrent les conservateurs entre eux", estime Thierry Coville. "D’un côté, un camp de conservateurs proches d’Ahmadinejad qui s’opposent à d’autre conservateurs proches, eux, du Guide suprême, Ali Khamenei", poursuit-il.

L'un des deux principaux protagonistes de cet affrontement est le Front uni de conservateurs, qui met en avant son opposition au président Ahmadinejad et prône plus de "rationalisme" en politique.

Ce courant, qui domine le Parlement sortant, fait face à un Front de la persistance de la révolution islamique tout aussi conservateur, coalition disparate qui défend le président Ahmadinejad tout en dénonçant son directeur de cabinet Esfandiar Rahim Mashaie, bête noire des conservateurs pour sa vision d'un islam ouvert et nationaliste.

Reste à savoir quel accueil la rue iranienne fera à ce scrutin. Pour Thierry Coville, qui souligne que "le contexte est très différent de 2009", le taux de participation "risque d’être faible". Notamment, parce que la population reste désabusée par le scénario de 2009, et ne prendra pas le risque de se mobiliser.