La France avance samedi de deux heures son couvre-feu, à 18 h pour tenter de freiner la propagation du coronavirus, alors que le pays a dépassé la barre des 70 000 morts. Déjà en vigueur dans une grande partie Est du pays, cette mesure est étendue à tout le territoire. Par ailleurs, l'inquiétude grandit en Europe face à la menace de nouveaux variants plus contagieux. Le Royaume-Uni a annoncé qu'il imposerait dès lundi, en plus d'un test négatif au Covid-19, une quarantaine à tous les voyageurs arrivant de l'étranger.
C'est un passage à l'heure d'hiver particulier : la France avance samedi 16 janvier de deux heures le couvre-feu, dorénavant fixé à 18 h sur l'ensemble de son territoire, dans une course contre la montre pour vacciner la population et tenter d'enrayer l'épidémie de Covid-19 qui a fait plus de 70 000 morts dans l'Hexagone.
Déjà en vigueur dans 25 départements, le couvre-feu à 18 h est étendu à l'ensemble du territoire métropolitain à "partir de ce samedi et pour au moins 15 jours", a annoncé jeudi le Premier ministre Jean Castex.
Car le nombre de cas reste élevé, avec 21 406 confirmés en 24 heures samedi, et environ 20 000 nouveaux comptabilisés chaque jour depuis le début de l'année, bien loin des 5 000 espérés à la mi-décembre par le gouvernement, selon Santé publique France.
La France a par ailleurs enregistré samedi 196 nouveaux décès en 24 heures en milieu hospitalier, précise SPF, portant à plus de 70 000 le nombre de morts depuis le début de l'épidémie.
"Réduire les contacts sociaux"
Les dérogations restent les mêmes qu'auparavant pour ce nouveau couvre-feu (déplacements professionnels, pour un rendez-vous médical, pour un motif impérieux...) mais les commerces vont devoir baisser le rideau à 18 h.
Une mauvaise nouvelle de plus pour le secteur, à quelques jours du début des soldes. Pour les restaurants également, fermés au moins jusqu'à mi-février et qui essaient de surnager grâce aux ventes à emporter.
"On fait sans cesse des efforts d'adaptation et on nous met encore des bâtons dans les roues", pestait Benjamin Nieto, patron du restaurant "Chez Lucien" dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon.
"Beaucoup de gens ne finissent pas de bosser à 18 h, a fortiori avant, et ne pourront pas venir chercher leurs plats, c'est un peu décourageant", se désolait-il.
Face à la menace de nouveaux variants plus contagieux du coronavirus, il s'agit pour le gouvernement de "réduire encore davantage les contacts sociaux sur les heures de fin de journée".
Les écoles resteront ouvertes mais les activités sportives scolaires et périscolaires en intérieur sont suspendues et le protocole sanitaire dans les cantines sera renforcé.
Et l'avancement du couvre-feu ne met pas à l'abri d'un nouveau confinement "si nous constatons une dégradation épidémique forte", a prévenu Jean Castex.
Plus de 413 000 personnes vaccinées
Ces restrictions sont motivées par l'arrivée de nouveaux variants du coronavirus, qui ont émergé en Angleterre et en Afrique du Sud. Vraisemblablement plus contagieux, ils ont déjà forcé plusieurs pays du continent européen à se reconfiner.
Reste à savoir si l'efficacité du couvre-feu avancé sera suffisante pour freiner l'épidémie.
Dans un avis remis au gouvernement le 12 janvier et rendu public vendredi, le Conseil scientifique allait jusqu'à recommander une "limitation des déplacements" entre les régions, voire un confinement dans les endroits les plus à risques.
Pour l'instant, 87 cas de contamination par le variant anglais (suspecté d'être plus contagieux) et quatre cas de contamination par le variant sud-africain (soupçonné d'être plus contagieux et de réduire l'efficacité du vaccin) ont été recensés en France, selon le ministère de la Santé.
Si le variant anglais ne semble responsable que de "1 à 2 % des cas de Covid-19 actuellement diagnostiqués en France", selon Santé publique France, il est "inéluctable" que ce virus mutant se substitue au coronavirus classique d'ici deux à trois mois, a prévenu le virologue Bruno Lina, qui coordonne la cartographie de ce variant.
itPour tenter d'enrayer l'épidémie avant que les variants montent en puissance, la course contre la montre se poursuit pour vacciner la population. 413 046 personnes ont reçu la première injection selon le ministère de la Santé.
Lundi, la campagne de vaccination va s'élargir aux personnes de plus de 75 ans ne vivant pas en Ehpad, ainsi qu'aux personnes présentant des pathologies à haut risque (insuffisances rénales chroniques, cancer sous traitement...).
Vendredi, 833 centres étaient "ouverts et accessibles à la réservation", a assuré le ministre de la Santé Olivier Véran.
Pourtant, la prise de rendez-vous, possible depuis jeudi matin, s'apparente parfois à un parcours du combattant, même si "plus d'un million de rendez-vous ont été pris vendredi", selon le ministère de la Santé.
Nouvelles restrictions au Royaume-Uni
Le Royaume-Uni a annoncé vendredi qu'il imposerait dès lundi, en plus d'un test négatif au Covid-19, une quarantaine à tous les voyageurs arrivant de l'étranger, mettant fin aux exemptions accordées à certains pays, pour éviter des contaminations par les nouveaux variants.
Le Royaume-Uni est durement frappé par une deuxième vague de l'épidémie, dont la virulence est attribuée à un variant du nouveau coronavirus identifié dans le pays a entraîné un troisième confinement.
Critiqué pour sa gestion de la crise, le gouvernement de Boris Johnson concentre ses efforts sur la vaccination de masse. Plus de 3,2 millions de personnes ont déjà reçu une première dose de vaccin.
Toute personne arrivant au Royaume-Uni devra donc rester confinée dix jours, une durée qui pourra être raccourcie qu'avec un dépistage négatif réalisé au moins cinq jours après l'arrivée
Boris Johnson a appelé les Britanniques à respecter strictement le confinement en vigueur pour enrayer la flambée des cas.
Des images de parcs densément fréquentés ces derniers jours ont poussé les autorités à réitérer leurs appels à la prudence. Dans l'un de ces parcs, à Leeds (Nord de l'Angleterre), des centaines de personnes ont participé à une bataille de boules de neige géante jeudi après-midi.
Même si le nombre des nouveaux cas a baissé depuis le confinement, le Royaume-Uni en a enregistré près de 56 000 en 24 heures selon le dernier bilan diffusé vendredi.
Le nombre des personnes hospitalisées, plus de 37 000, continue de grimper et a largement dépassé le pic de la première vague.
Plus de 87 000 personnes sont mortes dans les 28 jours ayant suivi un dépistage positif du coronavirus (+1 280), le pire bilan en Europe.
La semaine prochaine, le nombre des personnes hospitalisées et de morts "continuera d'augmenter", anticipe le professeur Chris Whitty, médecin chef pour l'Angleterre, car les effets du confinement "prennent un certain temps avant de se faire sentir".
Avec AFP