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L'UE présente son plan pour financer l'Ukraine malgré les réticences de la Belgique
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a présenté mercredi à Bruxelles le plan de l'UE pour financer l'Ukraine sur deux ans, et la "mettre en position de force" dans les négociations avec la Russie. Cette proposition prévoit deux options visant à couvrir une partie des besoins de financement de l'Ukraine pour 2026 et 2027, estimés à 137 milliards d'euros. Elle n'a pas convaincu la Belgique, où se trouve l'essentiel des avoirs gelés russes en Europe.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, prononçant un discours à Bruxelles, le 9 octobre 2025. © Yves Herman, Reuters (archives)

La Commission européenne a présenté mercredi un plan pour financer l'Ukraine sur deux ans, mais l'une des options retenues, un recours aux avoirs russes gelés en Europe, se heurte toujours à l'hostilité de la Belgique.

L'essentiel de ces avoirs de la Banque centrale russe, immobilisés en raison de sanctions décidées contre la Russie après son invasion de l'Ukraine, se trouve en Belgique. Et ce pays n'en démord pas, il se refuse à payer seul les pots cassés en cas de problème.

La proposition de l'exécutif européen "ne répond pas aux inquiétudes" de la Belgique et reste "la pire des options", a affirmé mercredi le chef de la diplomatie belge Maxime Prévot.

La Commission a proposé deux options visant à couvrir une partie des besoins de financement de l'Ukraine pour 2026 et 2027, estimés à 137 milliards d'euros : un emprunt européen ou une utilisation des avoirs gelés russes en Europe.

"Aujourd'hui, nous proposons de couvrir les deux tiers des besoins de financement de l'Ukraine pour les deux prochaines années. Cela représente 90 milliards d'euros", a indiqué Ursula von der Leyen devant la presse. Le dernier tiers devra être assuré par "les partenaires internationaux", comme la Grande-Bretagne, le Canada ou le Japon, a-t-elle ajouté.

"Nous devons augmenter les coûts de la guerre pour l'agression de Poutine, et la proposition d'aujourd'hui nous donne les moyens de le faire", a-t-elle assuré.

La décision de recourir à un emprunt européen, qui nécessite l'unanimité des États membres, se heurte aux réticences de certains d'entre eux et à l'opposition radicale de la Hongrie. La Commission n'a pas caché qu'elle privilégiait dans ces conditions le recours aux avoirs russes gelés.

La Belgique estime que ses préoccupations "sont minimisées"

Et pour ne pas laisser la Belgique seule affronter les risques, elle a proposé d'utiliser tous les avoirs russes immobilisés en Europe, y compris ceux se trouvant par exemple en France.

Euroclear détient 210 milliards d'euros d'avoirs russes, dont 185 sont mobilisables. Quelque 25 autres milliards se trouvent ailleurs en Europe, dont 19 en France, selon une source européenne. La France a jusqu'à présent fait la sourde oreille à l'utilisation des avoirs se trouvant sur son territoire. 

L'Ukraine ne devrait rembourser ce prêt que si la Russie lui paie des réparations. Si Moscou refuse, alors les sanctions ayant conduit au gel de ces avoirs resteraient en place, Kiev n'aurait rien à débourser, et la Russie ne pourrait toujours pas exiger le retour ce ses avoirs.

La Commission assure que le risque d'une levée des sanctions européennes contre la Russie, qui doivent être renouvelées tous les six mois à l'unanimité, a été levé. Le recours à un article des traités européens permettant de les prolonger est possible dans ce cas, a assuré un responsable européen sous couvert d'anonymat.

La Commission européenne a également promis que toutes les garanties nécessaires seraient fournies aux pays contribuant au "prêt de réparation", et en premier lieu à la Belgique.

"La Belgique a demandé un mécanisme solide et un partage des charges, et nous avons répondu en mettant cela en place, en veillant à ce qu'une garantie solide soit en place", a assuré Ursula von der Leyen. Ce n'est pas la première fois que la Belgique fait part de ses réticences.

"Nous avons un sentiment de frustration de ne pas avoir été écoutés. Nos préoccupations sont minimisées", a souligné mercredi le ministre belge.

Le recours aux avoirs russes gelés a le mérite de ne rien coûter au contribuable européen, mais inquiète aussi la Banque centrale européenne (BCE), qui redoute des turbulences sur les marchés financiers. La BCE a d'ailleurs annoncé mardi qu'elle n'était absolument pas prête à garantir ce prêt.

La grande majorité des pays de l'UE, Allemagne en tête, sont favorables à cette solution. Ils y voient un moyen, économique, d'assurer un soutien pérenne à l'Ukraine et aussi un moyen de pression contre la Russie.

"Cela devrait constituer une incitation supplémentaire pour la Russie à s'engager à la table des négociations", a ainsi affirmé Ursula von der Leyen.

Avec AFP