La mutinerie a pris de l'ampleur, lundi, en Côte d'Ivoire avec des troubles à travers le pays. Abidjan a annoncé avoir conclu un accord avec les soldats, mais ces derniers attendent d’en connaître la teneur pour décider de la suite du mouvement.
La mutinerie des soldats ivoiriens a gagné de l'ampleur, lundi 15 mai, avec des tirs nourris signalés à Abidjan et à Bouaké, les deux plus grandes villes du pays, ainsi que dans des localités de provinces.
Les mutins, dont le mouvement de protestation a repris vendredi, réclament les reliquats des primes promises par le gouvernement. Il y a plusieurs mois, ils avaient demandé 12 millions de francs CFA de primes (18 000 euros) pour chacun d'eux, et obtenu le versement en janvier de 5 millions de francs CFA (7 500 euros). Le pouvoir leur avait promis les 7 millions restants par tranche à partir de ce mois de mai.
"Un accord a été trouvé", a annoncé lundi soir à la télévision nationale le ministre de la Défense ivoirien, Alain-Richard Donwahi, sans en donner les détails. La déclaration diffusée sur la chaine nationale a duré moins de deux minutes. Joint au téléphone à Bouaké par l’AFP, un mutin a indiqué que lui et ses camarades "attendaient de connaître le contenu de l'accord" avant de décider de la suite de leur mouvement. L’agence Reuters indique pour sa part que le texte a été rejeté par deux représentants des mutins sans en préciser l’identité.
"On ne reconnaît pas l'accord. Est-qu'on fait des baptêmes sans le baptisé ? Aucun représentant de Bouaké n'était présent lundi à leur 'accord'. D'après ce qu'on sait, c'était une réunion de hauts gradés", a affirmé à l'AFP un mutin sous couvert d'anonymat. Il a ajouté que des négociations avaient bien eu lieu dimanche mais que les négociateurs s'étaient séparés sans être tombés d'accord : "Ils nous ont alors menacé de nous attaquer. Aujourd'hui (lundi), ils ont vu qu'on était forts et il font cette annonce."
Quelques minutes après la déclaration du ministre, des tirs ont été entendus au Camp Gallieni au centre-ville d'Abidjan et à Bouaké, sans qu'on sache s'il s'agit de manifestations de joie ou d'un refus, relaie l’AFP.
"Des mutins cagoulés ont dressé des barrages"
Lundi matin, les voies d'accès à Akouedo (est), notamment à l'une des principales artères de la zone, le boulevard François Mitterrand, étaient fermées, empêchant les habitants de l'est de la ville de se rendre dans le centre d'Abidjan.
"Des riverains que j’ai pu joindre m’ont signalé qu’ils entendaient des tirs réguliers depuis 23 h, [dimanche] soir, tandis que des mutins cagoulés, qui ont dressé des barrages dans la zone bloquant certains axes routiers ce matin, tirent des rafales en circulant à mobylette", indiquait Arnaud Froger, correspondant de France 24 en Côte d’Ivoire.
Menaces de "sanctions sévères"
Du côté de Bouaké, deuxième ville de Côte d'Ivoire et épicentre de la mutinerie, des tirs fréquents étaient également signalés dans la matinée, malgré les menaces de "sanctions sévères" de l'état-major et des négociations en cours. "D’après plusieurs témoignages, les habitants de Bouaké sont terrés chez eux, alors que les mutins patrouillent en ville, c’est l’illustration que les autorités peinent à restaurer l’ordre et le calme dans le pays après quatre jours de mutinerie", signalait Arnaud Froger.
"Ce n'est pas un coup d'État. Nous voulons nos primes. Le président (Alassane Ouattara) a signé un papier pour dire qu'il était d'accord pour nos primes. Quand il paiera, on rentrera chez nous", avait déclaré sous couvert d'anonymat un porte-parole des mutins au camp du 3e bataillon d'Infanterie de Bouaké.
Avec AFP et Reuters