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Macron sur la colonisation : la dernière d'une longue série de polémiques

Le candidat Emmanuel Macron a provoqué l'indignation d'une partie de la classe politique française, en qualifiant la colonisation de "crime contre l'humanité". Cette polémique à propos de l'histoire coloniale n'est pas la première.

L’histoire coloniale française est source de crispations pour la classe politique. Dernière en date : l’indignation, à droite et à l’extrême droite, provoquée par les propos d'Emmanuel Macron, candidat à l’élection présidentielle, qui a assimilé la colonisation à un "crime contre l'humanité". Retour une série de polémiques.

  • Jacques Chirac : le "rôle positif"

En février 2005, la promulgation en France d'une loi dont un article évoque le "rôle positif" de la colonisation suscite une très vive polémique et tend les relations entre Paris et Alger. Le président Bouteflika reproche à Paris une "cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme".

Le 25 janvier 2006, au nom de la "concorde", le président français Jacques Chirac demande la "suppression" de l'alinéa controversé qui stipule notamment que "les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord". Il est abrogé le mois suivant.

  • Nicolas Sarkozy : pas de "repentance"

Le 3 décembre 2007, le président Nicolas Sarkozy en visite à Alger reconnaît que "le système colonial a été profondément injuste, contraire aux trois mots fondateurs de notre République: liberté, égalité, fraternité", mais dit son refus de toute idée de "repentance".

"À l'intérieur de ce système, il y avait beaucoup d'hommes et de femmes qui ont aimé l'Algérie avant de devoir la quitter", déclare Nicolas Sarkozy. "C'est toutes les victimes que je veux honorer", ajoute-t-il en évoquant les "crimes terribles commis tout au long de la guerre d'indépendance".

  • François Fillon : le "partage de culture"

Le 28 août 2016, François Fillon, alors candidat à la primaire de la droite et du centre, déclare lors d'un discours à Sablé-sur-Sarthe que "la France n'est pas coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Nord" et qu'elle "n'a pas inventé l'esclavage".

Selon le député de Martinique, Serge Letchimy (PS), "avec ces harangues populistes", le candidat Les Républicains "offense des millions de personnes victimes de traite, d'esclavages, de génocides".

Fin octobre 2016, François Fillon répète son refus d'une "repentance", tout en reconnaissant que "bien sûr que la colonisation aujourd'hui, avec les critères qui sont les nôtres, est un crime".

Réagissant à la déclaration d'Emmanuel Macron, François Fillon a repris les mots du président dont il a été le Premier ministre en regrettant, mercredi, 15 février, "cette détestation de notre histoire, cette repentance permanente" qu’il a jugée "indigne d'un candidat à la présidence de la République".

Le Lab relève qu'il se contredit quelque peu, puisqu’il avait déclaré, quatre jours plus tôt dans une interview au Quotidien de la Réunion : "L’esclavage, la colonisation, la traite des êtres humains, étaient des abominations", tout en estimant qu'il n'était "pas juste que la France d’aujourd’hui porte des crimes commis il y a plus d’un siècle et demi".

  • Emmanuel Macron : le "crime contre l’humanité"

En octobre 2016, Emmanuel Macron suscite la controverse en déclarant au Point : "Alors oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l'émergence d'un État, de richesses, de classes moyennes, c'est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie".

Puis, en février 2017, dans une interview accordée à la chaîne privée algérienne Echourouk News, lors d'un voyage en Algérie, l'ancien ministre de l'Économie qualifie la colonisation de "crime contre l'humanité" et de "vraie barbarie". Des propos qu'il confirme dans une vidéo publiée sur Facebook le 16 février, en dépit des critiques : "La colonisation a entraîné une négation du peuple algérien [...], une guerre qui n’était pas digne de la France, parce que des actes inhumains, de la barbarie, de la torture ont été commis."