logo

"On s’est installés sur le bord de la route" : à Gaza, les civils à bout
Publié le : 09/04/2025 - 15:57

Depuis la fin du cessez-le-feu le 18 mars, les bombardements israéliens ont repris sur la bande de Gaza. Alors que l’entrée de l’aide humanitaire est bloquée, les conditions de vie se dégradent plus encore. Des écoles sont visées, des secouristes et des journalistes tués. Les civils paient le prix fort de ce regain de violence. Joints par la rédaction des Observateurs, Shady, déplacé de Rafah, et le journaliste Samer Abo Samra, mettent en lumière la détresse de milliers de familles.

Lundi 7 avril, l’armée israélienne a bombardé une tente où étaient regroupés des journalistes, à Khan Younès. Au moins deux d’entre eux ont été tués. L’armée israélienne affirme avoir visé un membre du Hamas, qui se faisait passer pour un journaliste, ce que des journalistes locaux contestent.  

Le 3 avril, 31 personnes ont perdu la vie dans le bombardement d’une école abritant des déplacés à Gaza City. 

Dix jours plus tôt, le 23 mars, 15 secouristes du Croissant-Rouge palestinien ont été tués à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, lors d'une attaque israélienne.

Dans le même temps, l’armée israélienne multiplie les ordres d’évacuation. De nombreuses zones sont concernées, du sud à l’est, en passant par le nord. Ces déplacements forcés ont contraint des milliers de familles à fuir dans l’urgence.

Shady, habitant de Rafah, a dû quitter précipitamment sa maison avec sa femme et ses enfants, suite à un ordre d’évacuation israélien :

Je suis parti de Rafah vers Al-Mawasi. J’ai pris un taxi que j’ai payé 1 800 shekels, soit environ 450 euros. Nous nous sommes installés dans un endroit sur le bord de la route.

Les familles déplacées s’installent tant bien que mal dans des campements de fortune. Le bois, indispensable pour construire les tentes, est devenu une denrée rare et coûteuse.

"Aujourd’hui, tout est cher. Le plot de bois de frêne est à 150 shekels (environ 36 euros) l’unité", témoigne Shady. Sur des pages Facebook locales, les prix explosent. Le marché informel s’impose comme unique solution, dans un contexte où l’aide humanitaire n’arrive plus.

Depuis le 2 mars, Israël a interrompu l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza. Le point de passage de Rafah, essentiel pour l’entrée des marchandises et du matériel de secours, reste fermé.

“Les familles comptent beaucoup sur les cuisines humanitaires. Mais la plupart ont fermé”

Samer Abo Samra, journaliste gazaoui, alerte sur les conséquences directes de ce blocage :

Les familles comptent beaucoup sur les cuisines humanitaires. Mais la plupart ont fermé, car cela fait plus d’un mois que le point de passage est fermé. Il n’y a plus rien qui entre. Et le peu qu’on trouve sur le marché est très cher. Les gens ne peuvent pas subvenir à leurs besoins.

Al-Mawasi, "zone humanitaire" sous les frappes

L’armée israélienne désigne Al-Mawasi, sur la côte sud de la bande de Gaza, comme une "zone humanitaire". Pourtant, cette région n’est pas épargnée par les frappes.

Le 5 avril notamment, au moins cinq civils ont été tués dans une frappe israélienne visant des tentes à Al-Mawasi, selon l’agence de presse palestinienne Wafa.

Depuis la rupture de la trêve, plus de 1 300 Palestiniens ont été tués, selon le ministère de la santé du Hamas.