
Des peshmerga kurdes aux soldats turcs, les forces présentes autour de Mossoul, à l'heure de l'offensive visant à reprendre cette ville à l'EI, sont pour le moins diverses. Leurs intérêts le sont aussi, ce qui a pu retarder l'échéance.
L'offensive contre Mossoul, le principal bastion de l'organisation État islamique (EI) en Irak, est lancée, lundi 17 octobre. Elle était attendue depuis que le Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi avait appelé, en mars 2016, ses troupes à libérer la province de Ninive dont Mossoul est la capitale. Les dissensions entre les différentes forces en présence, notamment, avaient retardé sa mise en œuvre.
Le nombre d'acteurs impliqués est en effet vertigineux : l'armée irakienne, le fameux et redouté service du contre-terrorisme, la police fédérale et locale, les milices chiites dont beaucoup obéissent aux ordres de Téhéran, les peshmerga, la Turquie, les États-Unis et les pays de la vaste coalition internationale anti-EI emmenée par les Washington.
Les troupes irakiennes pourront compter sur la couverture des avions de la coalition internationale et l'envoi de 600 soldats américains supplémentaires, portant à 4 600 le nombre de militaires dépêchés par Washington en Irak.
Des soldats turcs sont également présents sur une base militaire près de Mossoul et au Kurdistan. Leur présence est un des principaux éléments cités par les experts pour expliquer le retard du lancement de l'offensive : Bagdad exigeait leur retrait mais la Turquie veut absolument participer à l'offensive à divers degrés, soucieuse de limiter la montée en puissance des Kurdes à sa frontière et de restaurer une certaine influence passée sur la région de Mossoul et ses richesses, qu'elle considère comme son pré carré.
Une progression continue depuis mars
Avec l'appui essentiellement aérien des forces de la coalition internationale, mais aussi de l'Iran par la présence de forces paramilitaires soutenues sur le terrain par l'armée iranienne, les forces loyalistes ont progressé pas à pas depuis mars pour se rapprocher de Mossoul, à partir de la base de Makhmour, à 20 km des lignes jihadistes. Dans le même temps, les peshmerga, les forces de sécurité de la région autonome du Kurdistan irakien, ont progressé au nord de Mossoul.
Momentanément détournées par la reprise à l'EI en juin de Fallouja, deuxième bastion des jihadistes, près de Bagdad, les forces irakiennes ont de nouveau réalisé une percée en juillet en s'emparant de la base aérienne de Qayyarah à une soixantaine de km de Mossoul, un verrou stratégique qui leur sert de base logistique vitale dans l'offensive déclenchée le 17 octobre.
La bataille est donc lancée mais personne ne peut prédire combien de temps il faudra à l'armée et à la police irakienne pour pénétrer dans la deuxième ville du pays, en chasser les jihadistes qui se fondront sûrement en partie dans la population et utiliseront snipers, voitures piégées et mines pour ralentir l'avancée de leurs adversaires, et y restaurer durablement l’autorité de Bagdad.
Avec AFP