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Les questions soulevées par l’annonce du nouveau "service national" volontaire
Le président de la République a officiellement annoncé jeudi la création d’un nouveau "service national" volontaire et "purement militaire" dès 2026. Une annonce qui soulève plusieurs questions.

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Le président français Emmanuel Macron, le 27 novembre 2025, dans la base de la 27e Brigade d'Infanterie de Montagne (BIM) de Varces, en Isère. © Thomas Padilla, AP
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Emmanuel Macron a dévoilé les contours, jeudi 27 novembre, de son nouveau "service national" volontaire et "purement militaire". Les premiers jeunes seront accueillis dès l’été 2026, a promis le président de la République.

Pourquoi cette annonce intervient-elle aujourd’hui ? Y a-t-il un risque que le Parlement n’accède pas à la volonté du président de la République ? Qui seront les volontaires de ce nouveau service national ? Et quelles missions rempliront-ils ? Tour d’horizon des questions posées par l’annonce d’Emmanuel Macron.

  • Pourquoi annoncer maintenant la mise en place d’un service national volontaire ?

Ce n’est certainement pas une coïncidence. L’annonce d’Emmanuel Macron intervient une semaine après les propos du chef d’état-major des armées qui affirmait que le pays devait être prêt à "accepter de perdre ses enfants" dans une guerre.

"Les gens associent forcément cette annonce aux déclarations du général Mandon. Il s’agit d’envoyer un signal très clair à la population au regard de la gravité de la situation. Il y a une volonté de préparer les Français", estime sur France 24 Maxime Launay, historien et chercheur au sein de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem).

"Dans ce monde incertain où la force prime sur le droit et la guerre se conjugue au présent, notre nation n'a le droit ni à la peur ni à la panique ni à l'impréparation ni à la division", a notamment affirmé le chef de l’État. "La peur, au demeurant, n'évite jamais le danger. La seule façon de l'éviter, c'est de s'y préparer", a-t-il ajouté.

Ainsi, à l'issue du service, les jeunes seront automatiquement basculés dans la réserve opérationnelle dite de second niveau, qui existait du temps de la conscription. Celle-ci prévoit la mise à disposition de cinq jours par an pendant cinq ans en cas de besoin.

L'instauration du service national a pour but également de servir de "robinet de la réserve", selon le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Pierre Schill, cité par l'AFP. Les jeunes pourront donc s'engager dans la réserve opérationnelle de premier niveau qui doit atteindre 80 000 personnes en 2030, contre 47 000 actuellement.

  • Le Parlement suivra-t-il Emmanuel Macron ?

Des critiques ont été émises par les différentes forces politiques, sans qu’il y ait toutefois d’opposition massive à l’idée du président. Une majorité devrait donc se dégager à l’Assemblée nationale pour voter la création du "service national".

Mais dans un contexte d’instabilité politique, personne ne peut garantir que le gouvernement de Sébastien Lecornu restera en place dans les prochaines semaines et que le service national, qui aura besoin d’une enveloppe budgétaire pour fonctionner, verra bel et bien le jour.

"Loger, nourrir, accueillir, blanchir, armer, former, c’est extrêmement coûteux. D’autant qu’on a fermé très massivement nos casernes à partir des années 1990-2000 après la fin du service militaire. Il faudra donc soit agrandir les casernes existantes, soit en trouver de nouvelles. Ce sont des aspects très matériels auxquels les états-majors vont devoir répondre très rapidement", souligne Maxime Launay.

La Cour des comptes avait épinglé en septembre 2024 le coût "largement sous-estimé" du service national universel (SNU) que doit remplacer le service national volontaire.

Cette fois-ci, le coût prévu pour la période 2026-2030 est de 2,3 milliards d'euros, dont 1,4 milliard pour les infrastructures, selon l'exécutif. Un budget prévu dans l'actualisation de la loi de programmation militaire (LPM) qui doit être présentée prochainement au Parlement.

  • Y aura-t-il des volontaires pour s’engager ?

"Notre jeunesse a soif d'engagement", "il existe une génération prête à se lever pour la patrie", a affirmé Emmanuel Macron, qui a évoqué 3 000 jeunes volontaires dès l’été 2026, puis un objectif de 10 000 par an en 2030 et 50 000 par an en 2035.

Une enquête de l’Irsem sur "les jeunes et la guerre", publiée en 2024, a montré que 57 % des jeunes âgés de 18 à 25 ans se disaient prêts à s’engager dans les armées en cas de guerre en France.

"Il y a effectivement une appétence d’une partie de la jeunesse pour l’engagement", note Maxime Launay, pour qui l’armée ne devrait pas avoir de mal à trouver des volontaires.

"Mais il y a différentes jeunesses et il faudra voir quelle est la sociologie des volontaires, poursuit-il. On a maintenant un peu de recul sur le SNU. Ce sont plutôt des fils et des filles de professions en uniforme : donc de policiers, de pompiers ou de militaires. Il n’est pas impossible que cela se reproduise ici" avec le service national volontaire.

Pour inciter les jeunes à se porter volontaires, une solde mensuelle de 800 euros minimum leur sera versée. Et ils bénéficieront pour leurs déplacements de la carte de circulation militaire permettant une réduction de 75 % dans les trains.

Avec cette année de césure, ils pourront par ailleurs reporter leurs vœux sur Parcoursup et les jurys de l'enseignement supérieur seront "incités" à valoriser leur expérience lors des délibérations des concours, selon l'exécutif. Ils pourront également valider certains acquis, sous la forme d'environ 15 crédits de formation européens ECTS.

  • Quelles missions rempliront-ils ?

Emmanuel Macron a tenu à rassurer en soulignant mardi sur RTL qu’il n’était pas question "d’envoyer nos jeunes en Ukraine", puis en déclarant jeudi que les volontaires serviront "exclusivement sur le territoire national".

Pendant le service, le premier mois sera consacré à la formation initiale (les classes). "Ils acquerront l'esprit de discipline, se formeront au maniement des armes, à la marche au pas, aux chants, à l'ensemble des rituels qui nourrissent la fraternité de nos armées, et concourent à la grandeur de la Nation", a déclaré le chef de l’État. Les neuf mois suivants, les volontaires seront insérés dans les trois armées (terre, air, marine) comme soldat, mais aussi dans les services de soutien pour les profils plus spécialisés (logisticiens, cuisiniers, ingénieurs, traducteurs…).

Une fois insérés dans leurs unités, "ils effectueront les mêmes missions que l'armée d'active sur le territoire national", a poursuivi Emmanuel Macron. En clair, ils pourront participer à l'opération Sentinelle, assurer la protection des sites militaires ou encore surveiller les approches maritimes dans les sémaphores disposés le long du littoral.