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Tunisie : vers une libération de l'avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani
L'avocate tunisienne et chroniqueuse connue Sonia Dahmani "sortira aujourd'hui" de prison, a indiqué jeudi à l'AFP l'un de ses avocats. Sonia Dahmani, qui a été condamnée à au moins trois reprises ces derniers mois, va être remise en liberté "sur décision du ministère de la Justice", ont indiqué plusieurs médias, sans autre explication.
Une avocate porte une photo de Sonia Dahmani, l'une de ses consoeurs, devant le tribunal de Tunis, le 13 mai 2024, alors que le barreau tunisien a déclaré une grève pour protester contre son arrestation musclée au siège quelques jours plus tôt. © Fethi Belaid, AFP

L'avocate tunisienne et chroniqueuse connue Sonia Dahmani "sortira aujourd'hui" de prison, a indiqué, jeudi 27 novembre, à l'AFP l'un de ses avocats, Sami Ben Ghazi.

Poursuivie dans plusieurs affaires liées à des déclarations sur des radios et télévisions sur l'existence de racisme en Tunisie, Sonia Dahmani a été condamnée à au moins trois reprises ces derniers mois.

Elle va être remise en liberté "sur décision du ministère de la Justice", ont indiqué plusieurs médias, sans autre explication.

Sonia Dahmani, 60 ans, très critique du président tunisien Kaïs Saïed, avait été arrêtée le 11 mai 2024 à Tunis, de façon brutale et illégale selon ses confrères, au siège de l'Ordre des avocats par des policiers masqués. Son interpellation musclée avait été filmée en direct par France 24.

En juin dernier, elle avait été condamnée à deux ans de prison pour une intervention radiophonique où elle critiquait l'existence de cimetières et d'autobus réservés aux personnes noires dans certaines régions de Tunisie.

Poursuites dans cinq affaires

Sonia Dahmani fait l'objet de poursuites dans cinq affaires liées à des déclarations ou publications dans des médias. Les poursuites se basent sur le décret 54 sur les "fausses informations" promulgué en 2022 par le président Kaïs Saïed, un texte fustigé par les défenseurs des droits humains.

Avant d'écoper de deux ans de prison supplémentaires en juin, elle purgeait déjà deux peines de 26 mois de prison au total pour avoir enfreint le décret 54.

Elle avait en particulier été condamnée à 18 mois d'emprisonnement pour avoir ironisé sur un plateau télévisé en mai 2024 à propos de l'intention prêtée aux migrants subsahariens de s'installer durablement en Tunisie malgré une grave crise économique. "De quel pays extraordinaire parle-t-on ?", avait-elle répondu à un autre chroniqueur.

En février 2023, Kaïs Saïed avait fustigé l'arrivée de "hordes de migrants subsahariens illégaux" et un "complot" pour "changer la composition démographique" de la Tunisie, un discours qui avait déclenché une violente campagne antimigrants dans le pays.

Depuis que le président s'est octroyé les pleins pouvoirs lors d'un coup de force en juillet 2021, des dizaines d'opposants, avocats, journalistes et militants d'aide aux migrants sont emprisonnés, soit en vertu du décret 54, soit pour des motifs liés à la législation antiterroriste ou pour "complot contre l'État".

Avec AFP