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CAN 2025 : l'Académie Mohammed VI, la fabrique des futurs champions marocains
Pays-hôte de la CAN 2025, le Maroc est devenu en quelques années la locomotive du football africain. Ce succès est en partie à mettre au crédit de l'Académie Mohammed VI de football (AMF), située à Salé. Elle permet aux équipes nationales de puiser dans un terreau de joueurs de talents. 
De jeunes footballeurs écoutent un entraîneur dans la salle de sport de l'Académie de football Mohammed VI, à Salé, dans le nord du Maroc, le 4 novembre 2025. AFP - ABDEL MAJID BZIOUAT

Inaugurée en 2010, à Salé, près de Rabat, l'Académie Mohammed VI de football (AMF), accueille cette année 121 jeunes garçons entre 12 et 18 ans.

Chaque année, Tarik El Khazri parcourt des milliers de kilomètres à travers le Maroc pour détecter ces jeunes talents prometteurs qui alimentent les équipes nationales du pays-hôte de la CAN cet hiver et co-organisateur de la Coupe du monde 2030.

"Quand le jeune intègre l'académie, il est pris en charge totalement : restauration, hébergement, scolaire, médical", explique à l'AFP ce responsable du recrutement de l'AMF, un immense complexe sport-études. Environ "90 %" des enfants viennent de "familles pauvres", souligne-t-il, précisant que c'est le roi Mohammed VI "qui donne de l'argent de ses propres fonds" pour financer l'académie.

CAN 2025 : l'Académie Mohammed VI, la fabrique des futurs champions marocains
125 / 5 000 Une photographie montre l'entrée de l'Académie de football Mohammed VI dans la ville de Salé, au nord du Maroc, le 4 novembre 2025. AFP - ABDEL MAJID BZIOUAT

Sur plus de 17 hectares, l'AMF aligne une dizaine de terrains, des vestiaires, des salles de classe, de musculation, de jeux équipées de consoles, de babyfoot et billards, des multiples dortoirs, un vaste réfectoire, un pôle médical sur trois étages, une piscine et une mosquée.

"On a des cellules de recrutement" implantées localement qui "dénichent les meilleurs joueurs" à partir de six ou sept ans puis les "développent" sur le plan athlétique pendant plusieurs années, précise Tarik El Khazri. 

"Réussir dans le football"

Sur un terrain extérieur, des joueurs de 17-18 ans s'échauffent avec un "toro", jeu où deux d'entre eux placés au centre d'un cercle tentent de récupérer le ballon que leurs coéquipiers font circuler. Pour Laurent Cauger, entraîneur français de 56 ans et à l'Académie depuis sept années, ces jeunes ont pour ambition commune de "réussir dans le football".

Au Maroc, dit-il, "j'ai vu des situations familiales très difficiles" avec des jeunes venus du bas de l'échelle sociale, donc quand un joueur "arrive à bien gagner sa vie grâce au football, cela sauve une famille". Il évoque néanmoins des périodes de doutes traversées par certaines recrues, dont aucune n'a pu être interviewée directement par l'AFP faute d'autorisation.

CAN 2025 : l'Académie Mohammed VI, la fabrique des futurs champions marocains
De jeunes footballeurs s'entraînent à l'Académie de football Mohammed VI, dans la ville de Salé, au nord du Maroc, le 4 novembre 2025. AFP - ABDEL MAJID BZIOUAT

Ce fut le cas de Yassir Zabiri, aujourd'hui international en moins de 20 ans (U20) et membre de l'équipe victorieuse en octobre de la Coupe du monde de la catégorie d'âge, le premier trophée mondial remporté par une sélection marocaine. Avant ses 15 ans, il a été surclassé avec les moins de 17 ans mais "ne jouait pas souvent" car il était plus jeune que ses coéquipiers et avait peur de ne pas être gardé par l'académie, relate Laurent Cauger.

D'après le recruteur Tarik El Khazri, l'académie compte 26 joueurs devenus titulaires en Ligue 1 marocaine, une trentaine évoluant en Europe - comme Abdelhamid Aït-Boudlal à Rennes, en France - et au moins cinq sélectionnables pour le Mondial-2026 en Amérique du Nord puis la Coupe du monde 2030, dont le Maroc sera co-organisateur avec l'Espagne et le Portugal. Mais, avant cela, le Maroc accueille en décembre et janvier la Coupe d'Afrique des nations.

Ne pas négliger les études

Le Français Hervé Renard, sélectionneur du Maroc entre 2016 et 2019, se félicite auprès de l'AFP d'avoir "eu la chance de récolter les premiers fruits" de l'AMF. Notamment en faisant débuter à 19 ans l'attaquant Youssef En-Nesyri, désormais âgé de 28 ans et qui évolue à Fenerbahçe (Turquie), "l'un des grands artisans" du parcours historique du Maroc jusqu'en demi-finale du Mondial-2022.

Pour les jeunes de l'académie, la journée commence à 07H00, avec des cours dès 08H15 avant l'entraînement du matin. Après le déjeuner, ils retournent en classe, puis enchaînent avec une seconde séance sportive jusqu'en fin d'après-midi, avant une heure d'étude puis le dîner. En classe, ils suivent le programme national, vêtus du même uniforme floqué "AMF".

Lorsqu'une équipe du Maroc joue, "impossible de les canaliser, ils n'écoutent rien des cours", glisse en souriant Fetiha, responsable adjointe au pôle éducation, rappelant qu'ils "sont encore très jeunes".

Le directeur du pôle, Abderrazak El Rhomari, 78 ans, admet que la coordination peut être compliquée "lorsqu'ils partent pour des compétitions" au Maroc ou à l'étranger, mais assure qu'en dix ans, ils ont "toujours obtenu 100 % de réussite au baccalauréat". C'est essentiel, dit-il, car "le football, c'est risqué. Du jour au lendemain, on peut avoir un accident et plus de foot. Donc, au moins, ils ont un diplôme."

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Avec AFP