
Après plusieurs années d'absence médiatique relative, la Manif pour tous a défilé dimanche à Paris pour demander l'abrogation de la loi pour le mariage homosexuel et peser dans le débat présidentiel à un mois des primaires de la droite et du centre.
Près de 200 000 manifestants selon les organisateurs, 24 000 personnes selon la préfecture, se se sont rassemblées dimanche 16 octobre en début d'après-midi à Paris, à l'appel de la Manif pour Tous, un mouvement citoyen qui continue à demander l'abrogation de la loi Taubira autorisant le mariage aux personnes de même sexe. À six mois de l’élection présidentielle française, le mouvement défile de nouveau, après deux ans d’absence médiatique, afin de "peser sur les candidats".
"Contre la PMA, la GPA et la 'décadence'"
"Ils avaient dit que la Manif pour tous, c'est du passé, mais nous resterons là jusqu'à l'abrogation de la loi Taubira", lançait un animateur depuis la tribune, alors que le cortège se mettait lentement en place près de la porte Dauphine dans l'ouest parisien pour se diriger vers la place du Trocadéro. La foule était composée aussi bien de personnes âgées que d'enfants accompagnés de leurs parents, certains venant parfois depuis plusieurs centaines de kilomètres pour manifester.
De nombreuses personnes brandissaient un drapeau tricolore ou des drapeaux rose et bleu aux couleurs du mouvement ou encore une banderole "En 2017, je vote pour la famille". Scandant "PMA [procréation médicalement assistée], GPA [Gestation pour autrui], on lâchera pas, tous ensemble pour mener le combat", ou "le ventre des femmes n'est pas à vendre", les manifestants ont suivi le mot d'ordre du rassemblement contre la PMA "sans père", le "scandale de la GPA" et la "diffusion du genre" notamment dans les écoles.
Une pancarte "Non à la merdocratie" dans les mains, Michel, 72 ans, explique qu'il est là pour lutter contre la "décadence". "Je suis contre le mariage homosexuel et contre le pouvoir merdocratique qui s'oppose au pouvoir du peuple", dit cet ingénieur retraité.
La droite, sourde à l’abrogation de la loi sur le mariage homosexuel
Comme les associations familiales catholiques (AFC), qui ont appelé à se joindre à la manifestation, la Manif pour tous compte sur la mobilisation pour montrer aux candidats à la présidentielle et particulièrement les participants à la primaire de la droite fin novembre, qu'elle est une force avec laquelle il faut compter. "Grâce à toutes nos manifs, tous les candidats sont obligés de se positionner sur la famille, le mariage et la filiation", déclare la Manif pour tous, qui regrette cependant que "des élus qui ont manifesté ne le fassent plus aujourd'hui".
Ils se sont déplacés ce dimanche : le candidat à la primaire de la droite Jean-Frédéric Poisson, Marion Maréchal-Le Pen (FN), Robert Ménard (maire de Bézier, proche du FN et de Debout la République), Gilbert Collard ou encore Jacques Bompard (Ligue du Sud, parti proche de l'extrême droite). Sont également présents Hervé Mariton (LR), Henri Guaino (ancien conseiller de Nicolas sarkozy, LR), Guillaume Peltier (LR), Claude Goasguen (maire (LR) du XVIe arrondissement de Paris, ou encore Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France).
Mais le mouvement peine à se faire entendre des candidats à la primaire de la droite, qui ne comptent pas revenir sur la loi Taubira. À l'exception de Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate et partisan de son abrogation, et dans une moindre mesure de François Fillon, qui souhaite amender la loi pour interdire la filiation exclusive d'un enfant par deux personnes de même sexe.
Si la Manif pour tous a annoncé qu'elle ne donnerait pas de consigne de vote, Sens commun, son émanation au sein du parti Les Républicains, a choisi d'apporter son soutien à François Fillon, qui a adressé samedi un message de "sympathie" aux manifestants.
Avec AFP