![Une étrange colonie de fourmis a élu domicile au fond d'un bunker soviétique abandonné Une étrange colonie de fourmis a élu domicile au fond d'un bunker soviétique abandonné](/data/posts/2022/07/21/1658425124_Une-etrange-colonie-de-fourmis-a-elu-domicile-au-fond-d-un-bunker-sovietique-abandonne.jpg)
Pendant trois ans, des chercheurs ont étudié le fonctionnement d'une étrange colonie de fourmis retrouvée dans un bunker soviétique abandonné en Pologne. Ils viennent de publier les résultats de leur étude.
Dissimulé sous les feuillages de la forêt qui longe le petit village de Templewo en Pologne, se dresse un ancien bunker soviétique depuis longtemps délaissé par les hommes. Derrière les murs humides du bloc de béton, la vie a pourtant continué : celle de créatures affamées et à jamais condamnées à l’exil.
Elle se situait plusieurs mètres sous terre, coupée du reste du monde. Des scientifiques polonais ont découvert une colonie de fourmis tout droit sortie d’un roman de Georges Orwell. Ils viennent de publier les résultats de leur recherche dans The Journal of Hymenoptera et ils sont dignes d'une société dystopique.
Sous terre, l'horrreur
C’est en 2013, alors qu’ils étudient une colonie de fourmis parfaitement "normale" à l’extérieur du bunker de Templewo que le zoologiste polonais Wojciech Czechowski et son équipe décident de pénétrer illégalement dans le bâtiment militaire abandonné.
Ils y découvrent une "seconde" colonie, l’opposé glaçant de la société joyeuse qui prospère quelques mètres plus haut à l’air libre. Le spectacle qui s’offre sous leurs yeux est saisissant : plus de deux millions de cadavres de fourmis jonchent le sol moite du bunker.
À côté des corps sans vie de leurs congénères, un million de fourmis travailleuses s’évertuent à créer de la vie dans une pièce sombre, humide et froide, sans aucune source de nourriture.
Si ces pauvres bestioles se sont retrouvées dans cet enfer, c’est par le fruit du hasard qui les a conduites à tomber dans une colonne de ventilation sur laquelle leurs copines d’en haut ont choisi de bâtir leur colonie. Et pour les malheureuses qui ont un jour fait un pas de côté dans le trou maudit, le voyage est sans retour.
Une vie parmi les cadavres
C’est donc par milliers qu’elles tombent chaque jour alimenter les rangs de cette société malheureuse qui ne compte ni reine, ni mâle, ni femelles reproductrice, ni progéniture.
Alors condamnées à jamais à l’obscurité et la famine, la vie s’organise tant bien que mal dans le bunker où il fait rarement plus de 10 degrés.
Les fourmis travailleuses ont l'habitude de déplacer des petits détritus pour créer leur habitat et pas question pour les fourmis "d’en bas" de déroger à la règle. Sauf que faute de végétation et d’autres objets, ce sont les cadavres de leurs copines que déplacent à longueur de journée les pauvres fourmis du bunker.
Pas question pour autant de céder au cannibalisme. Si les chercheurs sont à peu près sûrs que les fourmis ne se mangent pas entre elles, ils n’ont en revanche aucune idée de ce dont elles peuvent bien se nourrir. Avec les mites et les chauve-souris qui cohabitent, elles semblent avoir créé un écosystème fait d’excréments et de moisissures. Du caca de mites, qui se sont elles-mêmes nourries des cadavres des fourmies défuntes, voilà donc leur seul récompense dans l'obscurité.
Étant donné l'ampleur du nombre de corps retrouvés, les scientifiques pensent que ce calvaire doit durer depuis plusieurs années. Alors avis aux bonnes âmes, les fourmis d'en bas attendent toujours leur sauveur.
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