
Le parquet de Paris a requis la dissolution des deux principales structures françaises de l'Église de scientologie, poursuivie à Paris en tant que personne morale pour escroquerie en bande organisée.
Après trois semaines de procès et un réquisitoire de quatre heures, le parquet de Paris a requis, lundi, la dissolution des deux principales structures françaises de l'Église de scientologie. Poursuivi en tant que personne morale devant le tribunal correctionnel de Paris, le mouvement devait répondre des chefs d’accusation "d’escroquerie en bande organisée" et "d’exercice illégal de la pharmacie".
Le parquet a en outre demandé aux magistrats de condamner l'Association spirituelle de l'Église de scientologie - Celebrity Centre (ASES-CC) et sa librairie (SEL) à payer chacune une amende de deux millions d'euros. Quatre ans de prison avec sursis, 150 000 euros d'amende et cinq ans de privation de droits civiques et civils ont également été requis contre l'un des principaux dirigeants français de l'Église, Alain Rosenberg. Pour cinq autres membres du mouvement enfin, des peines de prison avec sursis et des amendes ont été réclamées.
"Une véritable inquisition"
Contacté par FRANCE 24, Agnès Bron, porte-parole de l'Église de scientologie, dénonce "une véritable inquisition qui met en péril la liberté religieuse en France". Selon elle, le réquisitoire prononcé hier "démontre que le parquet a cédé au totalitarisme et à l’arbitraire des groupes de pression qui veulent anéantir les minorités religieuses" dans le pays.
Le procès intenté à la fin des années 1990 par quatre anciens adeptes qui affirment avoir été ruinés par le mouvement - deux d’entre eux se sont désistés depuis -, devait être l'occasion de juger les méthodes de l'organisation. Pour le parquet de Paris, il n’y a pas de doutes : les plaignants ont bien été "victimes d'une entreprise consciente et planifiée d'escroquerie par des manœuvres frauduleuses successives".
Passif judiciaire en France
Considéré comme une religion aux États-Unis, où elle a été fondée en 1954 par l'écrivain de science-fiction Ron Hubbard, l'Église de scientologie est considérée, en France, comme une secte, depuis 1995. Plusieurs de ses responsables ont déjà été condamnés pour escroquerie à Lyon, en 1997, et à Marseille, en 1999.
Très attendues, les réquisitions du parquet de Paris sont une surprise puisqu'à la fin de l'instruction, en 2006, il avait réclamé un non-lieu général, arguant de la bonne foi des prévenus. Le tribunal entendra mardi et mercredi les plaidoiries de la défense. Le jugement doit être rendu à l’automne prochain. Si la dissolution est prononcée, elle ne sera effective qu'après d'éventuels pourvois en appel, puis en cassation.