![Régionales : la stratégie de Nicolas Sarkozy mise à mal par la percée du FN Régionales : la stratégie de Nicolas Sarkozy mise à mal par la percée du FN](/data/posts/2022/07/20/1658340112_Regionales-la-strategie-de-Nicolas-Sarkozy-mise-a-mal-par-la-percee-du-FN.jpg)
Convaincu que la droite décomplexée qu’il incarne pouvait contrer la montée du Front national, le chef des Républicains a vu son positionnement stratégique battu en brèche par les scores du parti de Marine Le Pen aux régionales.
Ce qui était perçu hier comme une chance de succès est devenu synonyme de défaite aujourd’hui. Galvanisé par les élections départementales du 22 mars à l’issue desquelles son parti, Les Républicains (LR), était arrivé en tête, Nicolas Sarkozy a fait campagne pour les régionales avec la conviction que la droite forte et décomplexée qu’il incarne serait la seule à même de faire face à la montée du Front national (FN). Las, il n’en fut rien.
>> Retrouvez les résultats des régionales sur notre carte interactive
Dans la majorité des régions qu’il espérait ravir au Parti socialiste (PS), c’est le parti frontiste qui est en effet arrivé en tête dimanche 6 décembre, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et la Provence-Alpes-Côte-d'Azur, où la présidente du FN, Marine Le Pen, et sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, affichent des scores d’environ 41 %. Deux revers d’autant plus durs à avaler chez LR qu’ils concernent deux des plus importants cadres du parti : Xavier Bertrand et Christian Estrosi.
Porosité
De fait, pour nombre d’observateurs, la ligne que Nicolas Sarkozy a adoptée dans le but de "siphonner" des voix au FN s’est révélée contre-productive. "La stratégie portée par Nicolas Sarkozy se solde par un échec cuisant. Le fait d’avoir collé aux thèmes du Front national est sanctionné par les électeurs, qui ont préféré l’original à la copie", estime l’historien Hervé Le Bras sur le site internet de "L’Obs".
Pour le sociologue Sylvain Crépon, le fait que l’ancien chef de l’État n’ait pas su mobiliser au-delà de son camp témoigne d’un décloisonnement progressif entre LR et le parti de Marine Le Pen : aujourd’hui, plus de 50 % des sympathisants de droite n'excluent plus des alliances entre les deux formations. "Cette porosité est liée au fait que Les Républicains ont fait en quelque sorte campagne pour le FN", affirme le chercheur à Reuters. À en croire les chiffres de l'Ifop, 18 % des sympathisants de Nicolas Sarkozy ont voté FN dimanche.
"C'est l'échec de Nicolas Sarkozy"
Un basculement de l’électorat de la droite parlementaire vers l’extrême droite que certains responsables au sein de LR n’ont pas hésité à attribuer à leur chef, par ailleurs candidat à la primaire LR en vue de la présidentielle de 2017. "C'est l'échec de Nicolas Sarkozy, car Nicolas Sarkozy, d'évidence, n'est pas crédible comme représentant d'alternance après avoir lui-même, les Français le lui avaient signifié, échoué avant 2012", a réagi le député LR de la Drôme, Hervé Mariton, sur Sud Radio et Public Sénat.
"La droite n'est pas prête, Les Républicains ne sont pas prêts, nous ne sommes pas en ordre de bataille nationale, a pour sa part estimé sur iTélé Éric Woerth, délégué au projet de LR. Notre projet n'est pas construit, il est en cours, la primaire n'a pas eu lieu, nous n'avons pas de leader officiel, légitime, qui porte les couleurs officielles de l'ensemble du parti."
Rendez-vous après le second tour…
Malgré les attaques dont il fait l’objet, Nicolas Sarkozy a imposé la position du "ni retrait, ni fusion" pour le second tour des régionales. Réunis en bureau politique lundi matin, les ténors du parti, hormis Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Pierre Raffarin, ont en effet refusé que les listes LR fusionnent ou se retirent au profit de la gauche pour faire barrage au FN.
Même ses deux plus sérieux adversaires pour la primaire de 2016 à droite que sont Alain Juppé et François Fillon se sont ralliés à sa position. Pour mieux se démarquer après le second tour des régionales ? L’un et l’autre ont en tous cas émis le souhait que la ligne idéologique de leur parti fasse l’objet de clarifications après le 13 décembre.
"Au lendemain de l'élection, après le second tour, il va falloir que nous ouvrions un débat sur la situation actuelle qui fait que, soyons lucides, nous ne sommes pas audibles", a affirmé Alain Juppé, avant que François Fillon ait demandé de "reporter après le second tour les examens de conscience".