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À Kunduz, les forces de sécurité afghanes bénéficient du soutien de l'OTAN face aux Taliban. Les troupes étrangères étaient pourtant censées ne plus combattre sur le terrain. Explications.
Il y a comme un air de déjà vu à Kunduz. Comme en 2001, l’OTAN cherche à chasser les Taliban de cette importante ville du nord de l'Afghanistan. Pourtant, la donne n’est plus tout à fait la même qu’il y a 14 ans. Aujourd'hui, c'est l’armée afghane qui est en première ligne sur le terrain.
Que s’est-il passé à Kunduz ?
Les forces afghanes présentes à Kunduz étaient composées d’environ 5 000 à 7 000 hommes, selon Ahmed Rashid, spécialiste du conflit afghan, interrogé par l’AFP. Mais ceux-ci ont préféré éviter le combat, laissant les clés de la ville aux Taliban qui étaient pourtant beaucoup moins nombreux, entre 400 et 2 000, selon les différentes estimations.
La chute de Kunduz est donc un grave revers pour le président afghan Ashraf Ghani, en place depuis tout juste un an, mais aussi pour les forces de sécurité afghanes et leurs alliés occidentaux, à commencer par Washington, premier soutien militaire et financier du gouvernement afghan.
Les États-Unis ont en effet consacré plus de 65 milliards de dollars au soutien et à la formation des forces afghanes au cours des treize dernières années, selon le SIGAR, le service américain chargé de contrôler les dépenses de Washington pour la reconstruction de l'Afghanistan.
Quels effectifs pour les forces afghanes ?
Selon les chiffres publiés le 28 février 2015 par l’OTAN, les forces de sécurité afghanes sont composées de 173 000 soldats, pilotes et civils travaillant au ministère de la Défense, de 154 000 policiers et civils travaillant au ministère de l’Intérieur et de 28 000 membres des différentes polices locales, soit environ 355 000 hommes. La bataille actuellement en cours à Kunduz met toutefois en lumière les difficultés de l’armée afghane.
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"Cette perte de Kunduz montre que les soldats afghans sont fatigués", affirme à France 24 René Cagnat, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste de l’Afghanistan. "Ces derniers ont été extrêmement sollicités depuis un an et ont subi de nombreuses pertes. Les chefs militaires sont valables, mais les soldats ont lutté contre des attaques talibanes durant tout l’été. Avec le manque de repos et le froid qui va bientôt revenir, alors que ces soldats ne sont pas forcément habillés comme il faut, il y a chez eux une forme de lassitude."
Un constat inquiétant alors que l’armée afghane subit son premier vrai test depuis que la grande majorité des troupes étrangères a quitté le pays et qu’elle est théoriquement devenue seule responsable de la sécurisation du pays.
Quel rôle pour l’OTAN en Afghanistan ?
Depuis le 1er janvier 2015, les forces de l’OTAN toujours présentes en Afghanistan ne sont plus censées combattre. Dans le cadre de la mission Soutien résolu, dirigée par le commandant John F. Campbell, l’OTAN se contente officiellement "d'entraîner, de conseiller et d’aider" les forces de sécurité afghanes. Une mission financée à hauteur de 5,2 milliards de dollars par an jusqu’à la fin 2017 et qui concerne aussi bien le recrutement et la formation des soldats que la stratégie militaire à mettre en œuvre ou encore la budgétisation sur plusieurs années des dépenses militaires.
Dans le cadre de cette mission, il y avait en Afghanistan, en juin 2015, 13 223 soldats issus de 42 pays, selon les chiffres de l’OTAN. Avec 6 834 hommes, les Américains constituent l’essentiel des troupes, mais on compte également 885 Géorgiens, 850 Allemands, 650 Roumains, 503 Turcs, 500 Italiens, 470 Britanniques ou encore 400 Australiens. Il n’y a en revanche aucun soldat français, l’armée française ayant quitté pour de bon l’Afghanistan en décembre 2014.
De quelle aide dispose l’armée afghane à Kunduz ?
Dans le cadre de l'accord entre l'OTAN et le gouvernement afghan, à Kunduz comme dans le reste du pays, l'armée afghane est censée assumer seule la sécurisation du territoire, mais dispose toutefois du soutien de l'OTAN .
Interrogé par l'AFP, le colonel Brian Tribus, porte-parole de l'OTAN, a refusé de détailler le nombre d'hommes déployés à Kunduz et la teneur de leur mission (conseil/formation ou combat actif). Une source militaire occidentale, qui a souhaité garder l'anonymat, a toutefois précisé qu'il s'agissait notamment de soldats d'élite américains, britanniques et allemands.
Par ailleurs, des avions de chasse américains ont également frappé les Taliban dans la nuit de mardi à mercredi. Une première frappe aérienne a eu lieu vers 23 h 30, puis une deuxième à 1 h 00 mercredi "à proximité de l'aéroport" de Kunduz.
Avec AFP