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Grèce : "Le compte à rebours a commencé pour Alexis Tsipras"

Fort de sa victoire aux législatives de dimanche, Alexis Tsipras doit former un gouvernement capable d'appliquer les mesures imposées par les créanciers, afin que la Grèce puisse bénéficier du plan d'aide européen de 86 milliards d'euros.

Après avoir remporté haut la main son pari électoral lors des législatives anticipées du dimanche 20 septembre, plusieurs défis de taille attendent le Premier ministre grec Alexis Tsipras, au premier rang desquels la formation d’un gouvernement "Tsipras II", capable de s’entendre rapidement sur l’application des réformes voulues par les créanciers européens.

Avec 145 députés élus, le Premier ministre grec a annoncé qu'il s'allierait de nouveau avec son ancien partenaire, le parti des Grecs Indépendants (Anel), fort de 10 élus, qui lui permettront de s'assurer une majorité absolue de 155 députés sur 300 au Parlement. Tout en saluant la nouvelle victoire de Syriza, le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem a souhaité que le nouveau gouvernement soit formé "rapidement" pour "continuer le processus de réforme".

Une première évaluation d'ici fin octobre

S’il veut obtenir le troisième plan d’aide de 86 milliards d'euros sur trois ans, le chef de file de Syriza devra prouver à l’Union européenne (UE) et au Fonds monétaire international (FMI) sa détermination à appliquer les réformes qu'ils ont dictées en juillet. "L'objectif immédiat de la période à venir est de rétablir pleinement la stabilité de l'économie et des activités bancaires et d'élargir le terrain que nous avons gagné dans les négociations", a déclaré lundi matin Alexis Tsipras, qui a été officiellement investi comme Premier ministre en fin de journée.

Le temps est compté, car le nouveau gouvernement du Premier ministre grec doit se préparer d'ici fin octobre à une première évaluation de la mise en œuvre de son programme de réforme. "Le compte a rebours a commencé pour Alexis Tspiras, qui va devoir appliquer 36 % du plan d’aide accordé à la Grèce en juillet", explique la correspondante de France 24 à Athènes, Alexia Kefalas. "Concrètement cela représente 78 mesures sur les 225 imposées", précise-t-elle.

Le premier défi pour l’équipe "Tsipras II" sera sans doute la réforme budgétaire qui passera par une hausse des taux d’impositions, une hausse de la TVA dans le secteur de l’hôtellerie et sur les îles grecques. Autre dossier brûlant : les réformes structurelles, dont la réforme des retraites, l’une des plus impopulaires, aux dires des analystes. "Tout cela va être compliqué car il y a beaucoup de blocages dans la société grecque. Tout n’est pas que le fait de M. Tspiras", explique Alexis Poulin directeur d’Euractiv France, un site d’analyse sur l’Europe. Mais l’enjeu est de taille car si les résultats de ces premières réformes sont bons, un premier versement pourrait avoir lieu en novembre, l’aide européenne ne se faisant que par tranche.

Regagner la confiance des Grecs

L’équipe d’Alexis Tsipras aura également la lourde tâche de regagner la confiance des Grecs. Ces législatives ont été marquées par une forte abstention - plus de 43 % des électeurs grecs ne se sont pas déplacés, ils n'étaient que 36 % en janvier dernier. "Les Grecs sont fatigués et impatients de voir ce qui se passe", affirme Alexis Poulin.

"Ils sont déboussolés", explique de son côté Alexia Kefalas. "Le pays entre dans son troisième mois de contrôle de capitaux, ce qui signifie que l’économie est paralysée, qu’ils ne peuvent retirer que 420 euros par semaine pour tout payer (factures, impôts) et même pour les sociétés. Tsipras va donc devoir rassurer et convaincre un certain nombre de Grecs, parce qu’il n’est pas exclu qu’un nouveau scrutin pointe le bout de son nez d’ici le début de l’année prochaine", précise-t-elle.

À ces défis s’ajoute celui de la crise migratoire. Plus de 124 000 migrants sont arrivés dans le pays par la mer depuis janvier 2015, d’après les chiffres publiés par l’UNHCR fin juillet. La gestion de ces migrants n’a pas - ou peu - été évoquée pendant la campagne, hormis par le parti d’extrême droite Aube Dorée qui en a tiré bénéfice. La troisième force politique du pays a montré dimanche qu’elle disposait désormais d’un électorat stable en augmentant sa présence au Parlement grec avec 18 députés contre 17 dans le Parlement sortant.

Avec AFP