Plus de 10 000 usines chinoises ont été temporairement fermées vendredi par Pékin qui veut faire disparaître les nuages de pollution avant le grand défilé militaire du 3 septembre.
Les exportateurs de minerai fer se sont trouvé 12 000 nouveaux ennemis. Il s’agit de tous les soldats, sans compter les tanks, qui défileront jeudi 3 septembre à Pékin pour célébrer les 70 ans de la défaite japonaise en 1945. À cause de ce défilé, une partie importante des usines d’acier en Chine ont été fermées vendredi 28 août jusqu’au jour de la parade, privant le minérai de fer de son principal débouché mondial pendant une semaine.
Pourquoi un défilé militaire de grande ampleur doit-il forcer la suspension de l’activité d’usines ? Pour dégager le ciel. Le régime veut un ciel aussi bleu que possible pour accueillir tous les représentants de pays étrangers jeudi prochain. Ainsi, pour faire disparaître les éternels nuages de pollution qui obstruent l’horizon pékinois, l’État a décidé la fermeture temporaire de 10 000 usines, la suspension d'une grande partie des chantiers de construction dans et autour de la capitale, et la limitation du trafic routier. Les autorités comptent même disposer des millions de pots de fleurs en ville.
Le ciel pékinois s’éclaircit, l’horizon des mineurs s’assombrit
La principale victime de cette opération air propre est donc le minerai de fer, d’après "Les Échos". Les usines d’acier, grandes consommatrices de fer, de six régions autour de Pékin sont à l’arrêt. La Chine va donc drastiquement réduire ses importations de cette matière première, alors qu’elle est, en temps normal, responsable de deux tiers du commerce mondial de minérai de fer.
Les professionnels du secteur sont d’autant plus inquiets qu’ils savent d’expérience que lorsque le ciel pékinois s’éclaircit, leur horizon s’obscurcit. Des milliers usines ont déjà été fermées temporairement pour améliorer la qualité de l’air lors du sommet des pays de la zone de Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec). L’initiative, baptisée "Apec Bleu", avait provoqué une chute de 5 % du prix du minérai de fer alors que la production chinoise mensuelle de fer avait reculé de 6 %.
Cette fois-ci, les conséquences risquent d’être encore plus importantes pour le secteur. "La zone concernée par l’opération 'Parade Bleue' est encore plus grande que celle d’'Apec Bleu' en novembre 2014, ce qui suggère que l’impact sur l’industrie et les importations de matières premières sera encore plus important", affirme Jianguang Shen, économiste pour la banque Mizuho Securities, au "Wall Street Journal".
L’immobilier aussi
Les grands groupes miniers sont, en outre, dans un état économique bien moins rose qu’à la sortie de l’été 2014. Depuis lors, le prix du minérai de fer a chuté de 38 % et a atteint son plus bas niveau en 10 ans il y a deux semaines.
Pour le "Wall Street Journal", même si le secteur du minerai de fer risque d’être le plus affecté par l’opération "Parade Bleue", il n’est pas le seul. La pétrochimie, l’une des industries les plus polluantes autour de Pékin, ne doit pas non plus se réjouir du grand défilé puisque plusieurs centaines d’usines de ce secteur vont être fermées temporairement. L’immobilier, qui n’est déjà plus à la fête en Chine depuis près d’un an, va également vivre une mauvaise semaine puisque plus de 9 000 chantiers seront arrêtés durant cette périodde.
En Chine, la situation économique générale n’est pas au beau fixe et le grand plongeon de la Bourse de Shanghaï en début de semaine (-16 % en deux jours) illustre la fébrilité actuelle des marchés financiers. Comment vont-ils réagir à cette recherche d’un air plus pur ? Tout dépendra de l’importance des répercussions économiques de "Parade Bleue". Mais Haibin Zhu, l’économiste en chef de la banque JP Morgan China, n’est pas optimiste : "Ces mesures temporaires vont avoir un très fort impact sur la production industrielle chinoise."