Sous pression, Alexis Tsipras n'a toujours pas trouvé de terrain d'entente avec les créanciers de la Grèce pour éviter à son pays un défaut de paiement. Le Premier ministre doit aussi faire face à un début de fronde dans son propre camp.
Le sort de la Grèce est toujours incertain. Les dirigeants européens ont fixé à samedi 27 juin l'ultimatum pour qu'Athènes trouve un accord avec ses créanciers – le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) – et éviter la faillite. Jusqu’à présent, Alexis Tsipras n’a pas réussi à les convaincre malgré un certain nombre de concessions consenties par son gouvernement en matière de réformes et de mesures budgétaires.
Au pied du mur, le Premier ministre grec joue son va-tout et se trouve dans une situation pour le moins compliquée : ses concessions, pourtant jugées insuffisantes par les créanciers de son pays, font grincer des dents en Grèce.
Un Premier ministre au pied du mur
"Tsipras est dans une position très difficile dans le sens où il est tiraillé de toutes parts puisqu’il doit contenter à la fois son électorat - qui est loin d’être homogène, certains électeurs veulent rester au sein de l’UE, d’autres ont voté pour son programme résolument anti-austérité - le Parlement grec et son propre parti qui est très divisé", explique à France 24 Daphné Halikiopoulou, docteur et professeur de politique comparée, spécialiste des partis politiques européens à l’Université de Reading, au Royaume-Uni. Et d’ajouter : "En tout état de cause, s’il obtient un accord ça voudra dire que le gouvernement a franchi toutes les lignes rouges".
En effet, Alexis Tsipras doit convaincre jusqu’au sein de son parti de gauche radicale Syriza. Des députés de son camp ont vivement critiqué les mesures concédées par le gouvernement, notamment les nouvelles hausses des taxes et le recul de l'âge du départ à la retraite, les jugeant contraires aux engagements pris il y a cinq mois devant les électeurs.
"Je crois que ce programme tel qu'il est [...] est difficile à faire adopter par nous", a dit Alexis Mitropoulos, député Syriza et vice-président de la Vouli (Parlement grec), à la chaîne de télévision Mega TV.
Des députés de l'aile gauche de Syriza ont dénoncé les nouveaux sacrifices demandés à la population. L'un d'eux, Vangelis Diamantopoulos, a écrit sur sa page Facebook que "la tactique du ‘il n'y a pas d'alternative’ ne peut pas être la marque de la gauche".
Même son de cloche du côté du du parti communiste grec KKE. "La nouvelle proposition du gouvernement aux créanciers conduit à un accord-couperet pour les revenus et les droits du peuple", avait déclaré lundi soir Dimitris Koutsoumpas, le secrétaire général du parti.
Cependant, ces derniers jours, plusieurs ministres sont venus au secours d'Alexis Tsipras, évoquant, comme le vice-ministre de la Réforme administrative, Georgios Katrougalos, "un mal nécessaire". Le Premier ministre en personne avait défendu des propositions préservant, selon lui, "la justice sociale".
Vers une crise politique ?
Ainsi, si aucun accord n’est conclu, faute de compromis, ou si les mesures du Premier ministre sont rejetées par le Parlement, le pays se dirigerait vers une crise politique majeure. Du côté de l’opposition, ce scénario est pris très au sérieux. Ainsi, l’ex-Premier ministre conservateur Antonis Samaras a proposé de former immédiatement un gouvernement d’union nationale dirigée par un technocrate pour sortir le pays de l’impasse.
Une initiative qui a peu de chance d’aboutir. "Il n’y a pas d’opposition forte en Grèce, dans le sens où elle n’est ni structurée ni capable de proposer une alternative à la politique du gouvernement", nuance Daphné Halikiopoulou. Au sein de la coalition de gauche, c’est plutôt le scénario d’élections anticipées qui est envisagé.
Enfin, selon le journal "Le Monde", qui cite l’entourage d’Alexis Tsipras, ce dernier pencherait en faveur d’un référendum afin de consulter la population sur une question vitale pour le pays. Verdict dans les prochains jours, qui s’annoncent très agités du côté d’Athènes.
Avec AFP