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Le pape François sort du silence, et agit, sur la pédophilie dans l’Église

Deux évêques américains ont été limogés et le procès d’un nonce doit s’ouvrir au Vatican sur décision du pape François. Une nouvelle instance a été créée pour juger les évêques coupables de négligence ou de complicité avec des prêtres pédophiles.

Deux évêques américains ont été limogés par le pape François et le procès d’un nonce accusé d'avoir eu des relations avec des mineurs doit s’ouvrir en juillet au Vatican.

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L'archevêque de Saint-Paul et Minneapolis, Mgr John Clayton Nienstedt, et son adjoint, Mgr Lee Anthony Piché sont accusés d’avoir fermé les yeux sur des cas de pédophilie dans leur diocèse. La justice américaine avait porté plainte début juin contre l'archevêché, accusé d'avoir refusé d'écouter les plaintes répétées contre un prêtre, Curtis Wehmeyer, aujourd'hui condamné et emprisonné pour avoir abusé de deux mineurs.

Le Polonais Józef Wesolowski, accusé d'abus sexuels sur mineurs à Saint-Domingue, en République Dominicaine, et de détention de matériel pédo-pornographique sera jugé dans le petit tribunal situé derrière la basilique Saint-Pierre. Une première, même si ce prélat ne résidait ni ne travaillait au Vatican.

"Le Tribunal pourra s'appuyer sur des expertises sur les ordinateurs du prévenu, mais aussi sur d'éventuelles formes de coopération judiciaire internationale, destinées à évaluer les témoignages probatoires fournis par la Justice dominicaine", a précisé le Vatican dans un communiqué.

Ces deux annonces surviennent quelques jours après l'institution par le Vatican d'une instance chargée de juger selon le droit canon les évêques ayant protégé des prêtres pédophiles. Les dossiers de ces prélats américains pourraient donc revenir à cette instance en cours de formation.

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L'affaire Wesolowski contraste néanmoins avec l'attitude du Vatican dans le dossier le plus scandaleux, l'affaire Maciel, du nom de l'ancien fondateur de la Congrégation des Légionnaires du Christ. Le prêtre mexicain Marcial Maciel Degollado, décédé en 2008 avait été longtemps protégé par la loi du silence, en dépit de nombreuses plaintes pendant des décennies (dès la fin des années 1950) contre lui pour abus sur mineurs et corruption. C'est seulement Benoît XVI qui, peu après son élection, avait sanctionné le prêtre prédateur.

Le deuxième motif d'accusation du nonce polonais, la détention de matériel pédo-pronographique, concerne des faits survenus à Rome, où il vit depuis la révocation de ses fonctions en août 2013. Il avait été arrêté le 22 septembre 2014, à son domicile romain.

"Volonté expresse" de François

Déjà condamné par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF, ex-Saint-Office) après un procès canonique, Józef Wesolowski avait été réduit à l'état laïc en juin 2014.

Après son arrestation, le Saint-Siège avait précisé que cette procédure avait été décidée sur "volonté expresse" de François, qui voulait qu'un cas "aussi grave soit traité avec la rigueur juste et nécessaire".

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La lutte anti-pédophilie de l'Église a été marquée par plusieurs jalons : en 2011, le Vatican a demandé à toutes les conférences épiscopales de collaborer avec les justices civiles et d'élaborer des normes contre les prêtres coupables ou soupçonnés ; en 2013, le Saint-Siège a durci sa législation pénale, mettant fin à l'impunité de ses prélats ; en 2014, une commission pontificale pour la protection des mineurs est créée, formée de 17 experts dont d'anciennes victimes.

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Ces mesures illustrent la ligne plus sévère du Vatican pour faire face à ce fléau qui a discrédité l'Eglise, même si les associations d'anciennes victimes reprochent au Vatican de ne pas aller assez loin.

Avec AFP