L'organisation internationale Human Rights Watch dénonce le nombre de morts civils dans la vallée de Swat, accusant les Taliban de se servir des civils comme boucliers humains et l'armée de bombarder sans discernement.
AFP - Les talibans, qui utilisent des boucliers humains, et l'armée, par ses bombardements, font tous deux un grand nombre de morts civils au cours des combats les opposant depuis trois semaines dans le nord-ouest du Pakistan, a accusé mardi l'organisation internationale Human Rights Watch.
"Les habitants de Mingora (le chef-lieu du district de Swat), l'épicentre des combats, ont dit à HRW que les talibans avaient miné la ville et empêchaient de nombreux civils de s'en échapper afin de s'en servir comme boucliers humains pour dissuader les militaires d'attaquer", assure dans un communiqué l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à New York.
"Les forces armées pakistanaises ne semblent pas prendre les précautions nécessaires dans leurs bombardements aériens et à l'artillerie, qui ont provoqué un nombre important de pertes humaines parmi la population civile", lit-on encore dans ce texte rendu public lundi à New York.
Sous la pression intense de Washington, Islamabad a lancé il y a plus de trois semaines son armée dans une vaste offensive dans la vallée de Swat et ses environs pour en chasser les talibans alliés à Al-Qaïda qui s'en étaient emparés il y a bientôt deux ans.
Près d'un million et demi de civils ont fui les combats, assurant avoir été pris sous les feux croisés des talibans et de l'amrée, mais une grande partie des quelques 300.000 habitants de Mingora sont pris au piège depuis deux semaines, entre les talibans qui occupent les rues et l'armée qui assiège la ville et bombarde certains quartiers avant une attaque au sol.
En 10 jours, l'armée a levé quelques heures à deux reprises son couvre-feu à la périphérie de la ville pour laisser des dizaines de milliers d'habitants quitter Mingora et sa banlieue. Mais des résidents ont assuré à HRW qu'il en restait encore un peu moins de 10.000.
Les talibans, dont "plusieurs milliers" sont toujours présents à Mingora selon des témoignages recueillis par HRW, "doivent laisser les civils quitter les zones de combats de toute urgence", estime encore l'organisation.
"Le 8 mai, 35 personnes, dont 14 enfants et quatre femmes, ont été tués par des tirs d'obus de mortiers et de missiles de l'armée dans les quartiers de Shahdra et Wathke, dans la périphérie de Mingora (...) et aucun n'était taliban selon les témoignages", lit-on encore dans le communiqué.
Le 11 mai, le bombardement par l'armée du village de Matta, fief des talibans dans le nord-ouest de Swat, a tué "au moins trois femmes et huit enfants", cite encore en exemple HRW.