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L’économie ukrainienne tente de se restructurer, un an après la guerre

L'Ukraine, plombée par une crise économique toujours plus profonde après un an de guerre, recherche d’urgence un accord avec ses créanciers privés pour alléger sa dette et dégager son horizon économique.

L’Ukraine n’attire plus les investisseurs. C’est le constat dressé par le patron de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), Francis Malige, lors de l'assemblée annuelle de la Berd à Tbilissi, vendredi 15 mai.

"Aujourd'hui, les gens qui regardent l'Ukraine pour investir sont dans l'attente parce que personne ne sait exactement comment le pays va restructurer sa dette", a-t-il déclaré.

Car l’économie ukrainienne est en perdition : sa dette publique atteint 94 % du PIB, l’inflation dépasse 60 % sur un an et plombe la consommation, et l'activité économique s'est encore dégradée avec un effondrement de 17,6 % de son PIB en un an.

Etranglée financièrement après près de trois ans de récession et un an de guerre dans l'Est industriel, qui lui a fait perdre le quart de ses exportations, l'Ukraine bénéficie d'un plan d'aide orchestré par le Fonds monétaire international (FMI) de 17,5 milliards de dollars sur quatre ans, dont elle a reçu en mars cinq milliards.

Des privatisations d'entreprises à venir ?

Pour remédier à la situation, l'Ukraine s'apprête à mettre en vente près de 300 actifs publics et espère ainsi attirer des investisseurs stratégiques ayant une vision "à long terme", a indiqué vendredi son ministre de l'Économie, Natalie Jaresko.

Une liste d'environ 280 entreprises à privatiser a été dressée pour un montant global susceptible d'atteindre 17 milliards de hryvnias (environ 712 millions d'euros). La liste inclut trois centrales électriques thermiques et 13 terminaux portuaires ou encore des entreprises agroalimentaires et de distribution.

Il faudra cependant convaincre le Parlement ukrainien, qui avait rejeté, en janvier dernier, un projet de loi sur les privatisations jugé trop extensif.

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Mais ces privatisations ne suffiront pas. Pour Kiev, il faut effacer les 15 milliards de dollars de dettes dus à ses créanciers, martèle le Premier ministre Arseni Iatseniouk.

"Il n'y a aucun moyen pour nous de revenir à la stabilité économique sans succès de la restructuration de la dette", a insisté la ministre ukrainienne des Finances, lors de l'assemblée annuelle de la Berd à Tbilissi.

Un accord avec ses créanciers viendrait conforter le "début de stabilisation financière" actuelle évoqué par Kiev. Cependant, "il serait prématuré d'avoir une amélioration dans les mois à venir", juge l'économiste ukrainienne Olena Bilan, de la société d'investissement Dragon Capital. Et une reprise interviendra "à condition que le conflit ne revienne pas à une phase brûlante" prévient-elle.

Avec AFP et Reuters.