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Narcotrafic : Emmanuel Macron convoque une réunion à l'Élysée après plusieurs faits divers
Emmanuel Macron a convoqué mardi à l'Élysée, en présence du Premier ministre Sébastien Lecornu et de plusieurs ministres, une réunion "sur la mise en œuvre de la loi narcotrafic" et "la situation à Marseille", après plusieurs faits divers dramatiques en France ces derniers jours.
Le président français Emmanuel Macron, le 19 mars 2025, sur le perron de l'Élysée à Paris. © Thibault Camus, AP

Réunion d’urgence. La montée en puissance du narcotrafic s'impose au sommet de l'État : Emmanuel Macron organise, mardi 18 novembre, une réunion pour intensifier la mise en œuvre de la loi récente contre les trafics de drogue après plusieurs faits criminels dramatiques ces derniers jours, notamment à Marseille. 

Les ministres Gérald Darmanin (Justice), Laurent Nunez (Intérieur), Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères) et Amélie de Montchalin (Comptes publics), ainsi que le procureur de Marseille Nicolas Bessone seront autour de la table, a fait savoir l'Élysée, confirmant une information de franceinfo.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu sera également présent, ainsi que le directeur général de la police nationale et de la police judiciaire. "Un point à l'ordre du jour sera spécifiquement consacré à la situation à Marseille", a déclaré l'Élysée.

Plusieurs responsables politiques ont appelé mardi matin l'exécutif à passer de la parole aux actes sur un fléau qui devient un thème majeur des élections municipales de mars prochain.

Jeudi, le frère du militant écologiste Amine Kessaci, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, a été abattu par balle à Marseille. Le procureur Nicolas Bessone n'a pas exclu un assassinat d'avertissement.

Selon une source proche du dossier, le chef de l'État a lui-même appelé au téléphone le militant écologiste, dont un autre frère, Brahim, avait aussi été tué en 2020.

Par ailleurs à Grenoble, un jeune adolescent a été touché dans la nuit de samedi à dimanche par trois balles près d'un point de vente de drogue, et était toujours dans le coma lundi. Ses agresseurs sont en fuite.

"Un point de bascule effrayant"

Cette réunion au sommet doit porter selon l'Élysée sur la "mise en œuvre" et "la montée en puissance" de la loi narcotrafic, qui a été promulguée en juin. Celle-ci prévoit entre autres "l'installation du parquet national anticriminalité organisée (Pnaco) qui sera officiellement créé le 1er janvier prochain", précise l'Élysée.

Ce nouveau parquet sera compétent sur les dossiers les plus graves et complexes en matière de crime organisé, sur le modèle du parquet national antiterroriste (Pnat) et du parquet national financier (PNF).

La magistrate Vanessa Perrée, dont Gérald Darmanin a proposé la nomination pour prendre la tête du futur Pnaco, sera également présente à la réunion mardi.

Le ministre de la Justice avait défendu au Parlement la loi sur le narcotrafic, qui comprenait aussi des mesures répressives, des outils pour les enquêteurs, et la création de quartiers de haute sécurité dans des prisons pour y placer à l'isolement les narcotrafiquants les plus dangereux.

Gérald Darmanin a estimé la semaine dernière que le drame survenu à Marseille constituait "un point de bascule effrayant qui doit faire prendre conscience du danger de cette mafia du narcobanditisme à l'ensemble de la société française".

Campagne des municipales

À quatre mois des municipales, le thème s'invite dans la campagne électorale. Le candidat RN à la mairie de Marseille, Franck Allisio, a ainsi réclamé "l'état d'urgence à Marseille", une mesure qui donne davantage de pouvoir aux préfets pour interdire certains rassemblements ou décider de perquisitions administratives.

Selon son entourage, la réunion à l'Élysée pourrait aborder la question de la protection des candidats aux municipales. Et sur X, Marine Le Pen a appelé "l'exécutif à se ressaisir" face aux "gangs qui ensanglantent la France".

Le thème devrait aussi être abordé au congrès de l'Association des maires de France (AMF) cette semaine à Paris.

La loi narcotrafic est "une bonne loi" mais "au delà des affichages ou des réunions d'urgence, ce qu'il faut maintenant, c'est l'exécution des choses", a réclamé son président David Lisnard sur BFMTV/RMC.

L'AMF avait déjà organisé une table ronde sur le narcotrafic l'année dernière car "cette réalité nous la vivons dans les grandes villes, les villes moyennes mais aussi les villages", a souligné le maire LR de Cannes.

Une priorité partagée par des élus de tous bords. "C'est un véritable fléau", a reconnu sur RTL le secrétaire national du Parti communiste et maire de Saint-Amand-les-Eaux (Nord) Fabien Roussel.

"Mais ce n'est pas la police municipale qui pourra lutter contre les narcotrafiquants. Si Emmanuel Macron sort de cette réunion avec un communiqué de presse, mais sans aucun moyen d'urgence dédié aux services de l'État, c'est du vent", a-t-il prévenu.

Avec AFP