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Législatives britanniques : la campagne électorale débute sans favori

Les élections législatives du 7 mai s’annoncent comme le scrutin le plus serré depuis plusieurs décennies au Royaume-Uni. Car aucun des deux grands partis britanniques n’est assuré d’obtenir la majorité.

Lundi 30 mars, le Premier ministre David Cameron a rencontré la reine Elizabeth II pour annoncer la démission de son gouvernement et la dissolution du Parlement, lançant ainsi officiellement le début de la campagne électorale en vue des législatives du 7 mai.

Depuis le vote en 2011 d’une loi fixant la date des élections, ce passage obligé n’est plus prévu par la Constitution, et la visite à la reine relève désormais de la tradition. Une visite de courtoisie qui pourrait bien être la dernière politesse d’une campagne dans laquelle tous les coups seront permis.

"Dans 38 jours, vous serez face à un choix ardu”, a ainsi lancé David Cameron aux électeurs devant sa résidence du 10, Downing Street, où l’attendait une foule de journalistes, après son passage à Buckingam palace. “Le Premier ministre qui franchira cette porte sera soit moi, soit Ed Miliband [le chef du parti travailliste]", a-t-il poursuivi.

Selon les sondages d’opinion, ni les conservateurs de centre-droit de Cameron, au pouvoir depuis cinq ans au sein d’une coalition avec les libéraux démocrates, ni le parti travailliste, de centre-gauche, ne sont à même de remporter une majorité franche au Parlement.

Même les organisateurs de paris britanniques, dont les pronostics sont habituellement plus précis que ceux des sondages, prévoient qu’il y a très peu de chances que l’un ou l’autre parti ne l’emporte largement, même si les conservateurs ont un léger avantage.

Cela signifie qu’une fois le vote terminé, il y aura nécessairement des négociations avec d’autres partis, plus petits, comme les libéraux démocrates pour les conservateurs, ou le Parti national écossais (SNP) pour les travaillistes.

À la recherche d'alliés

Quoi qu’il en soit et dans les deux éventualités, décrocher un accord s’annonce une tâche ardue avec une issue incertaine. Les libéraux ont perdu une bonne partie de leurs soutiens en raison de leur alliance avec les conservateurs dans l’actuel gouvernement et ils pourraient, selon les sondages, perdre la moitié des 57 sièges qu’ils détiennent actuellement.

À l’inverse, les nationalistes écossais ont gagné en popularité depuis le référendum sur l’indépendance en septembre 2014, et ce, même si l’Écosse a finalement voté contre. Toutefois, et même si le SNP a déjà indiqué qu’il pourrait s’allier au parti travailliste, tout accord avec les nationalistes écossais serait informel et au cas par cas, ce qui rendrait d’autant plus difficile au parti travailliste la formation d'un gouvernement cohérent, au cas où aucune majorité absolue ne se dégagerait du nouveau parlement.

D’autres petits partis, comme notamment les euro-sceptiques de UKIP (anti-Europe United Kingdom Independence Party), qui devraient remporter une poignée de sièges, ont révélé qu’ils étaient en contact avec le parti conservateur en vue d’une éventuelle collaboration, mais ont exclu l’idée d’une coalition avec ce dernier, au cas où il l’emporterait.

Le facteur économique

Mais avant même d’entamer ces tractations il faudra aborder sans détours les réformes qui ont profondément divisé l’opinion publique, en particulier en matière d’économie.

Depuis que les conservateurs sont arrivés au pouvoir en 2010, le Royaume-Uni est sorti de la récession et jouit d’un taux de croissance honnête. Selon une estimation de l’Office nationale des statistiques publiée le 31 mars, il a atteint 2,8% en 2014. Un résultat obtenu au prix de pénibles mesures d’austérité, dont une approche particulièrement agressive envers les bénéficiaires des aides sociales.
On a vu se multiplier les histoires de chômeurs dont les indemnités ont été supprimées, et le nombre de banques alimentaires a dû augmenter face au nombre grandissant de personnes dans le besoin. Ce qui n’a pas manqué de renforcer l’idée répandue chez de nombreux Britanniques que les conservateurs sont peu solidaires et élitistes.Ils se sont également engagés à éradiquer le déficit budgétaire d’ici à 2018, et ce, grâce à plus de coupes budgétaires que de hausses d'impôts. De leur côté, les travaillistes du Labour, ont proposé d’augmenter les impôts sur les citoyens les plus aisés, et d’introduire la "Mansion Tax" pour ceux qui vivent dans les plus belles demeures du pays, ainsi qu’un impôt sur les bonus bancaires.

Lundi, Ed Miliband a dévoilé le programme du parti travailliste en matière d’économie. Il prévoit notamment que le Royaume-Uni reste membre de l’Union européenne, une autre question qui divise les électeurs britanniques. C’est selon lui dans l’intérêt de l’économie du pays. "A long terme, notre avenir est dans l’Union européenne et non en dehors de celle-ci", a déclaré le chef du parti travailliste de 45 ans, lors d’un discours qu’il donnait dans le quartier des affaires de la City à Londres.

De son côté, Cameron a pris l'engagement devant ses troupes qu’en cas de victoires des conservateurs, il y aurait un référendum soumis au citoyen sur la question de quitter ou non l’UE. Selon les derniers sondages d’opinion, moins de la moitié des Britanniques se prononceraient en faveur du maintien au sein de l’UE, juste devant ceux qui souhaitent ce qu’on appelle communément le Brexit (British exit), à savoir une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, et il y aurait entre 7% et 20% d’indécis.