
Les députés français se sont penchés, vendredi, sur la question de la reconnaissance d'un État palestinien par la France. Le vote de cette résolution, portée par les socialistes, aura lieu le 2 décembre.
La reconnaissance d'un État palestinien par la France a été débattue ce vendredi 28 novembre par les députés de l'Assemblée nationale. Le texte a été soumis par le groupe socialiste. Son chef de file Bruno Le Roux a estimé lors de son intervention qu’il ne s’agissait surtout pas d’un débat de politique intérieure : "L'enjeu de ce débat, l'enjeu de ce vote, c'est de peser ensemble. [...] Nous sommes la France, notre voix porte dans le monde. Il est nécessaire que nous nous exprimions. Cette initiative française se veut donc également comme une réponse à la situation de blocage que connaît le processus de paix, depuis les accords d'Oslo".
Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius s’est également exprimé à ce sujet pour soutenir ce texte. "Notre conviction est que le règlement définitif du conflit et une paix durable passent par la solution des deux États souverains", a-t-il affirmé devant les députés. "La France reconnaîtra l’État de Palestine. La question n’est pas celle du principe, mais celle des modalités", a également déclaré le ministre des Affaires étrangères tout en assurant que "la France est l’amie à la fois du peuple israélienne et du peuple palestinien".
Comme l’a aussi expliqué Laurent Fabius, la France soutient un calendrier de deux années pour aboutir à un règlement définitif du conflit israélo-palestinien, au moment où les Palestiniens s'apprêtent à demander à l'ONU la fin de l'occupation israélienne en 2016 : "Aux Nations unies, nous travaillons avec nos partenaires pour essayer de faire adopter une résolution du Conseil de sécurité en vue d'une relance et d'une conclusion des négociations pour laquelle le terme de deux années est le plus souvent évoqué. Et le gouvernement français peut reprendre ce chiffre à son compte".
Le texte proposé aux députés par le groupe socialiste sera soumis au vote le mardi 2 décembre. "L'Assemblée nationale invite le gouvernement à reconnaître l'État de Palestine en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit et affirme que la solution des deux États, promue avec constance par la France et l'Union européenne, suppose la reconnaissance de l'État de Palestine aux côtés de celui d'Israël", peut-on lire dans cette résolution.
Cette démarche s'inscrit dans un mouvement européen pour que la reconnaissance de la Palestine, jusque là envisagée comme l'aboutissement de négociations, soit utilisée comme un moyen de pression sur Israël pour relancer un processus au point mort depuis l'échec de la médiation américaine au printemps dernier. Des votes identiques ont ainsi déjà eu lieu au Parlement britannique, au Sénat irlandais et au Congrès des députés espagnols. La Suède a reconnu l'État palestinien fin octobre, devenant le 135e État à le faire.
Une division politique
En France, ce débat reste toutefois toujours très sensible. Il existe à la fois un fort soutien populaire à la cause palestinienne ainsi qu’une importante communauté juive, la première en Europe avec 500 000 à 600 000 personnes qui dénoncent notamment la montée de l’antisémitisme ces dernières années. Quelque 150 manifestants pro-israéliens se sont d'ailleurs rassemblés vendredi près de l'Assemblée nationale.
L’ambassadeur d’Israël Yossi Gal a aussi jugé que ce vote allait "exacerber" les tensions dans l'Hexagone en faisant allusion aux incidents survenus lors de manifestations pro-palestiniennes cet été lors de l'intervention israélienne à Gaza.
Dans les rangs politiques, ce texte sera soutenu dans la majorité par les écologistes et le Front de gauche, tandis que les radicaux de gauche sont partagés. Une dizaine de députés socialistes sur 289 n’ont pas en revanche signé la résolution. Parmi eux, l'Alsacien Armand Jung, président du groupe d'amitié France-Israël, et le maire de Sarcelles (Val d'Oise), François Pupponi, commune qui abrite une forte population de confessions juive et musulmane.
Du côté de l’UMP, les députés sont en grande majorité hostiles à ce vote. "Une telle reconnaissance ne fera que radicaliser un peu plus une position israélienne dangereuse à long terme pour la pérennité même de l'État d'Israël, sans aider aucunement le président palestinien, Mahmoud Abbas, à régler son problème numéro un, qui est d'asseoir son autorité sur le Hamas à Gaza (...) Au pire, la reconnaissance vaudrait indirectement reconnaissance du terrorisme que nous combattons partout ailleurs", a ainsi déclaré lors du débat le député Pierre Lellouche.
Candidat à la présidence du parti l'UMP, Nicolas Sarkozy a pour sa part appelé à voter contre "une reconnaissance unilatérale quelques jours après un attentat meurtrier (l'attaque contre une synagogue perpétrée à Jérusalem) et alors qu'il n'y a aucun processus de paix".
Avec AFP