correspondante à New York – Les Américains sont appelés aux urnes, ce mardi, pour les élections générales de mi-mandat. Six ans après l'élection de Barack Obama, les électeurs pourraient installer une majorité républicaine au Congrès. Petit guide pratique.
Contrairement aux précédentes élections américaines de mi-mandat, aucun sujet précis n'a dominé la campagne. Entre la couverture maladie universelle, l’immigration, les questions énergétiques, la crise en Syrie ou encore le virus Ebola, les sujets de préoccupation ont dispersé les électeurs.
Le seul point qui semble faire consensus est l’impopularité du président Obama. Certains candidats démocrates ont même pris leur distance avec le locataire de la Maison blanche, qui ne récolte que 40 % de popularité, un chiffre plus que médiocre pour un chef d’État américain.
Des élections générales
Profitant de cette mauvaise cote, les républicains devraient renforcer leur emprise sur le Congrès. Assurés de conserver la Chambre des représentants, qui renouvelle l’intégralité de ses 435 sièges, ils pourraient même renforcer leur majorité, actuellement de 233 sièges (contre 199 pour les démocrates). Ils viseront également le maximum de postes de gouverneurs d’État – dont 36 sur 50 sont à prendre. Selon le site américain de data-journalisme FiveThirtyEight, les tendances sont si serrées que cela se jouera à "pile ou face" dans la plupart des États.
Mais le principal enjeu de ce scrutin reste le Sénat, dont le tiers des sièges est à renouveler. La majorité démocrate ne tient qu’à six sièges et selon les sondeurs, les républicains ont de fortes chances de les remporter. Ce qui signifierait un réel désaveu pour Obama, en place jusqu'à 2016. S’il garde son droit de veto, d eux chambres à majorité républicaine anéantiraient ses derniers espoirs de mettre en œuvre ses réformes - immigration et environnement en tête - d'ici la fin de son mandat.
Les candidats
Si cette fois, il manque Sarah Palin pour divertir les électeurs, les candidats du cru 2014 ne sont pas en reste. Dans leur clip de campagne, certains, dont une démocrate – n’hésitent pas à fourbir les armes contre le président.
La candidate républicaine de l’Iowa, Joni Ernst, par exemple, motarde invétérée et spécialiste revendiquée en castration de porc, est bien placée dans les sondages. Dans son clip de campagne, cette "maman, fermière et lieutenant-colonel qui a bien plus qu’un rouge à lèvres dans son sac" menace d’utiliser son arme pour dégager la route si les débats et les votes ne lui permettaient pas d’accéder au Sénat.
La candidate démocrate du Kentucky, Alison Lundergram Grimes, n’avait pas non plus hésité à sortir son fusil dans un clip où elle n’avait de cesse de répéter : "Je ne suis pas Obama". Il y a quelques semaines, lors d'un débat télévisé, elle avait refusé de révéler si elle avait voté Obama, ou non. Elle pourrait devenir, si elle l’emporte face au vieux McConnell, aux faux airs de grand-père inoffensif, elle sera l’une des plus jeunes candidate du Sénat.
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Au Texas, c’est l’ultra-conservateur qui est bien placé pour devenir numéro deux du gouverneur. Ancien animateur de radio, Dan Patrick remet en cause la séparation de l’Église et de l’État, place la Bible avant la loi, et a proposé, en 2012, un projet de loi pour obliger les femmes à visionner une échographie de leur fœtus avant de se faire avorter.
Et comme dans toutes les élections dans ce pays de la liberté, d’autres étranges personnages sont en lice. Un livreur de pizza avec un fort penchant pour l’herbe et la bière artisanale brigue le poste de sénateur en Caroline du Nord sous l’étiquette "libertarienne". Dans le Nevada, le candidat afro-américain Kamau Bakari a fait campagne contre "les Noirs qui se plaignent" et "pensent que les Blancs leur doivent quelque chose". Il n’a pas récolté une large audience.
Les électeurs
La participation ne devrait pas dépasser les 45 %, selon les sondeurs, soit 15 points de moins que lors de l’élection présidentielle de 2012. Les sénateurs démocrates - élus en même temps que Barack Obama en 2008 - craignent de pâtir de l’impopularité du président et donc de l'abstention de leur électorat traditionnel. Jeunes, noirs et hispaniques, risquent d’être bien moins nombreux dans les bureaux de vote que les conservateurs, plus âgés.
Les jeunes et les minorités ne devraient cependant pas être les seuls à bouder ce scrutin. Déprimés par quatre ans de paralysie politique au Capitole, 40 % d’Américains ne voient pas de différence entre un Congrès dominé par les démocrates ou par les républicains, selon un sondage Gallup. Près de la moitié ne savait même pas qui était majoritaire au Sénat. Et seuls 7 % déclarent faire "largement" et ou "plutôt" confiance au Congrès dans son ensemble.
Selon le "New York Times", ce scrutin se jouera sur "des électeurs furieux et des tonnes d’argent". Cette élection de mi-mandat a été l’une des plus chères de l’histoire, pour un montant estimé à plus de 3,7 milliards de dollars (soit 2,9 milliards d’euros).
Les enjeux
La situation économique, l'épidémie de fièvre Ebola, les avancées des jihadistes de l'organisation de l'État islamique (EI) en Irak et en Syrie ou la position de la Russie en Ukraine pèsent sur le moral des Américains. Ni la baisse du chômage à 5,9 %, au plus bas depuis six ans, ni la robuste croissance n’ont été mises au crédit de Barack Obama. Encore moins l’ "Obamacare", qui fait le jeu de l’opposition.
Si la réforme du système de santé a permis à des millions d'Américains de souscrire une couverture maladie, l’"Obamacare", particulièrement impopulaire aux États-Unis, reste la cible favorite du parti républicain. Ce dernier est en revanche resté discret sur les sujets sensibles, susceptibles de lui faire perdre le vote centriste, comme le droit des femmes ou des gays. Côté proposition, les républicains ont mis l’accent sur les questions économiques et énergétiques. La promotion du charbon, de la fraction hydraulique et du Keystone pipeline, un oléoduc de près de 3 500 kilomètres reliant le Canada aux États-Unis, ont fait mouche.
La présidentielle en ligne de mire
Si la composition définitive du nouveau Congrès pourrait ne pas être connue mardi soir - Louisiane et Géorgie organisent un second tour - le début de la campagne présidentielle de 2016 commencera officieusement mercredi matin.