En voyage au Québec, François Hollande a critiqué la hausse des droits de scolarité des étudiants français dans la province canadienne. Le gouvernement québécois envisage d'abolir un accord qui permet aux Hexagonaux de bénéficier des tarifs locaux.
À l’occasion de sa visite au Québec, le président François Hollande a reçu, lundi 3 novembre, les insignes de grand officier de l’ordre national du Québec, la plus haute distinction jamais attribuée par le gouvernement de la Belle Province à un chef d’État français en exercice. Ces honneurs n'ont pas empêché le président d'aborder les questions qui fâchent, face au Premier ministre québécois Philippe Couillard.
Il a notamment évoqué la question de la hausse des frais de scolarité pour les 12 000 étudiants français installés au Québec. La "mobilité de la jeunesse doit être facilitée et encouragée par des mesures spécifiques au Québec et en France", a-t-il insisté devant tous les convives, rapporte le journal "La Presse".
Une augmentation de 180 % des frais de scolarité
Comme promis lors de sa campagne en avril dernier, le nouveau chef du gouvernement québécois entend faire des économies pour enfin réussir à équilibrer les finances des établissements d’études supérieures. Pour cela, il compte aligner les frais d’inscription des Français sur ceux des autres étudiants étrangers ou originaires des autres provinces canadiennes. Cette décision mettrait un terme à un accord signé entre les deux pays en 1978, qui permet aussi aux Québécois d’étudier en France en bénéficiant du tarif local.
Au-delà de l’aspect diplomatique, cette hausse mettrait un frein aux échanges entre la France et le Québec, alors que les jeunes candidats au départ sont de plus en plus nombreux chaque année. Inquiets, des étudiants français ont lancé il y a six mois une pétition sur Internet qui a recueilli près de 4 000 signatures.
"Représentant 38 % de tous les étudiants étrangers au Québec, [les étudiants français] paient 2 224 dollars par an en droits de scolarité. Advenant une décision de Québec de porter leurs droits au tarif des étudiants canadiens non-résidents, ce montant passerait 6 234 dollars par année, soit 180 % d’augmentation", a résumé François Lubrina, conseiller à l’Assemblée des Français de l’étranger dans les pages du journal "Le Devoir".
Pour ce Français installé au Québec depuis plus quatre décennies, ce projet ne serait pas seulement préjudiciable pour les étudiants originaires de l’Hexagone, mais également pour l’économie de la province francophone canadienne : "Le manque à gagner pour les universités du Québec, avec ces 12 495 étudiants français bénéficiant du tarif universitaire québécois, s’élèverait à 50 millions de dollars". Au total, la présence des étudiants étrangers rapporte chaque année environ un milliard de dollars à l’ensemble de l’économie québécoise.
Des pourparlers toujours en cours
Des critiques se font également entendre du côté québécois. La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) craint que la province perde son attractivité. "On voit que c’est uniquement à des buts budgétaire et économiques. Le gouvernement lui-même, l’ensemble des ministères refusent de même examiner les répercussions que ca aurait chez les étudiants français, pour les universités, mais aussi pour l’ensemble de la société québécoise", a estimé Jonathan Bouchard, président de la FEUQ, sur l’antenne de Radio-Canada.
Face à cette levée de boucliers, "le gouvernement Couillard lâcherait un peu de lest dans ses négociations avec la France", selon "La Presse". Le quotidien québécois explique que le ce territoire canadien pourrait ainsi "fixer des droits moins élevés pour les étudiants français du deuxième et troisième cycle" en contrepartie d’un accès "aux grands écoles en France" pour ses étudiants. Interrogée à ce sujet, la ministre des Relations internationales Christine St-Pierre n’a pour l’instant ni confirmé et ni infirmé ces informations. "Il y a un processus de négociation qui est en place. Les choses vont bien", a-t-elle simplement déclaré.