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Le Parlement turc a adopté jeudi un texte qui autorise l'engagement de la Turquie dans une intervention militaire contre les jihadistes de l'organisation de l'État islamique, en Irak comme en Syrie.

Jeudi 2 octobre, le Parlement turc a approuvé à une très large majorité un projet de résolution du gouvernement islamo-conservateur qui autorise l'armée à mener des opérations contre les jihadistes de l'organisation de l'État islamique (EI) en Syrie et en Irak.

Après l'avoir explicitement refusé, la Turquie a fait savoir ces derniers jours qu'elle était finalement disposée à rejoindre la coalition militaire anti-EI menée par les États-Unis, selon des modalités qui restent à définir.

Le texte présenté par le gouvernement, qui dispose de la majorité absolue au Parlement, a recueilli l'approbation de 298 députés, contre 98 se prononçant contre ce feu vert.

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Conformément à la Constitution turque, le Parlement donne ainsi son autorisation préalable à une éventuelle opération militaire de l'armée turque sur les territoires syrien et irakien et autorise également l'entrée et le positionnement sur le sol turc de troupes étrangères qui pourraient y participer.

Erdogan pour la création d'une zone-tampon

Dans la foulée de ce vote, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a convoqué une réunion des principaux responsables civils et militaires du pays. Dans les prochaines heures, ils devront définir les modalités de l'engagement turc auprès de la coalition internationale.

Selon les médias turcs, le gouvernement ne devrait pas directement s'engager dans des opérations militaires chez ses voisins mais se contenter plutôt d'ouvrir certaines de ses installations, notamment la base aérienne d'Incirlik (sud), à ses alliés, pour des opérations humanitaires.

"Il ne faut pas vous attendre à des mesures immédiates juste après le vote", a prévenu le ministre de la Défense Ismet Yilmaz avant le débat parlementaire.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a répété ces derniers jours que son pays était prêt à faire "ce qui est nécessaire" pour combattre l'EI, tout en rappelant que la chute du régime du président syrien Bachar al-Assad restait l'une de ses "priorités".

Erdogan, qui a estimé mercredi que les actuelles frappes aériennes ne constituaient qu'une "solution temporaire", milite pour la création dans le nord de la Syrie d'une zone-tampon qui viserait à protéger les réfugiés syriens mais aussi le territoire turc.

La ville de Kobani asphyxiée

Ce feu vert du Parlement intervient alors que les jihadistes de l'organisation de l'État islamique se trouvaient jeudi aux portes de la ville syrienne de Kobani (Aïn al-Arab en langue arabe), à quelques kilomètres à peine de la frontière entre les deux pays.

"Les jihadistes sont désormais à moins d'un kilomètre à l'est et au sud-est de Kobani et la ville est totalement asphyxiée" à l'exception de l'accès au nord, a indiqué Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Depuis quinze jours, les combats pour le contrôle de cette ville ont provoqué l'exode d'au moins 160 000 habitants de cette région à majorité kurde de la Syrie vers la Turquie, qui accueille déjà plus d'un million et demi de réfugiés syriens. La chute de Kobani permettrait à l'organisation de l'État islamique de contrôler sans discontinuité une longue bande frontalière de la Turquie.

Avec AFP