Le Parlement turc a commencé jeudi l'examen d'un texte visant à autoriser l'engagement de la Turquie dans une intervention militaire contre les jihadistes de l'organisation de l'État islamique, en Irak comme en Syrie.
Face à l’avancée de l'organisation de l’État islamique (EI) à proximité de la frontière turco-syrienne, Ankara se devait de réagir. Le Parlement turc a commencé l'examen à huis clos, jeudi 2 octobre, d'un projet de résolution du gouvernement islamo-conservateur qui doit l'autoriser à participer à la coalition anti-jihadistes dirigée par les États-Unis.
La motion, qui devrait être largement approuvée, prévoit d’une part la possibilité de conduire des opérations en Irak et en Syrie, et d’autre part de permettre le stationnement ou le passage en Turquie de soldats étrangers qui y prendraient part. L’objectif annoncé du texte est de "déjouer les attaques dirigées contre le pays par tous les groupes terroristes en Irak et en Syrie".
La menace des jihadistes, qui assiègent la ville kurde syrienne de Kobané à proximité de la frontière turco-syrienne, a semble-t-il convaincu le président turc Recep Tayyip Erdogan d'annoncer, le 23 septembre, sa volonté d’engager son pays au sein de la coalition internationale anti-EI. La libération, le 20 septembre, de 46 de ses ressortissants retenus en otage par le groupe ultra-radical avait également aidé à amorcer le revirement de la position turque.
Car jusqu’ici Ankara, qui s’était engagée contre le régime syrien dès le début de la crise en Syrie en mars 2011, a été fréquemment pointée du doigt par les Occidentaux pour sa politique de soutien actif aux jihadistes désireux d’aller combattre en Syrie. Y compris pour les plus radicaux d’entre eux. D’une part, en les laissant transiter par son territoire et d’autre part en facilitant le passage d’armes et d’équipements.
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"Nous lutterons énergiquement contre l'État islamique et toutes les organisations terroristes de la région, telle sera toujours notre priorité", a affirmé le président turc lors de son discours d’ouverture de la session parlementaire turque, mercredi 1er octobre.
Il a toutefois rappelé que l’objectif premier d’Ankara était le départ du pouvoir du président syrien Bachar al-Assad. "Nous garderons également comme priorité la chute du régime syrien, le maintien de l'intégrité territoriale syrienne, et nous encouragerons la mise en place d'un régime constitutionnel, parlementaire qui sera celui de l'ensemble des citoyens", a-t-il ajouté.
Pour autant, Recep Tayyip Erdogan a pressé la coalition internationale de trouver une solution "durable" contre la menace que représente l’État islamique. "Les tonnes de bombes qui seront larguées par les airs ne constituent qu'une solution temporaire et ne font que retarder le danger et la menace", a déclaré M. Erdogan. "Nous sommes ouverts à toute coopération mais tout le monde doit savoir que la Turquie n'est pas un pays qui se satisfera de solutions temporaires", a-t-il ajouté.
Le chef d’État turc craint également que l’affaiblissement de l’EI sans stratégie politique globale n’intensifie le militantisme des Kurdes de Turquie qui se battent depuis trois décennies pour davantage d’autonomie.
Avec AFP et Reuters