Dans un échange de tweets aussi poli que sarcastique, les délégations canadienne et russe de l’Otan se moque de leurs lacunes en matière de géographie. Une joute à fleurets mouchetés qui témoigne des tensions entourant la crise ukrainienne.
La moquerie inonde les réseaux sociaux depuis mercredi 27 août. Dans un tweet fort peu diplomatique, la délégation canadienne de l’Otan a publié une carte de l’Ukraine, Crimée incluse, sur laquelle est inscrit en gros "Pas la Russie". "La géographie n’est pas bien difficile. Voici un guide à l’usage des soldats russes qui se perdent et pénètrent ‘accidentellement’ en Ukraine", persifle la légende.
Geography can be tough. Here’s a guide for Russian soldiers who keep getting lost & ‘accidentally’ entering #Ukraine pic.twitter.com/RF3H4IXGSp
— Canada at NATO (@CanadaNATO) 27 Août 2014La raillerie fait référence à la capture, lundi, par les autorités de Kiev de soldats russes s’étant introduits en Ukraine. Accusé de mener des "incursions militaires" chez son voisin, Moscou avait assuré que ces hommes avaient passé la frontière "par accident". Une défense pour le moins sommaire qui, à défaut de convaincre, a suscité scepticisme et sarcasmes.
Le tweet des Canadiens de l’Otan a été repris près de 25 000 fois sur le site de microblogging. Samantha Power, l’ambassadrice américaine à l’ONU, s’en est elle-même fait l’écho.
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Piquée au vif, la représentation russe de l’organisation transatlantique a jugé bon de répondre en publiant sa propre carte. Sur cette dernière, la Crimée apparaît sous la même couleur que la Russie comme pour mieux rappeler le rattachement récent de la péninsule à Moscou. "Aidons nos collègues canadiens à s’y retrouver avec la géographie d’aujourd’hui", raille le tweet vengeur.
Helping our Canadian colleagues to catch up with contemporary geography of #Europe @CanadaNATO pic.twitter.com/MjzRxpFFfN
— Russians at NATO (@natomission_ru) 28 Août 2014Cet échange, aussi poli soit-il, permet de mesurer l’ampleur des tensions entre l’Occident et le Kremlin sur la question ukrainienne. "S'il est avéré que des soldats russes sont présents sur le sol ukrainien, ce serait intolérable et inacceptable", a déclaré jeudi le président français, François Hollande, avant d’inviter la Russie à "respecter la souveraineté de l'Ukraine" et de "cesser son soutien aux séparatistes".
"Il est évident aux yeux du monde entier" que des forces russes se trouvent en Ukraine, a de son côté affirmé, jeudi soir, Barack Obama. Selon le président américain, plus de 1 000 soldats russes se trouvent dans l'est de l'Ukraine aux côtés des séparatistes.