
Au lendemain d'un remaniement ministériel affirmant la ligne social-démocrate de l'exécutif, Manuel Valls a rendu un hommage aussi appuyé que symbolique au monde de l'entreprise dans son discours d'ouverture de l'université d'été du Medef.
"J’aime l’entreprise !" Manuel Valls a fait sa déclaration d’amour aux entreprises, mercredi 27 août, devant une tribune d’une centaine de patrons conquis. C’est par une "standing ovation" qu’ils ont salué le discours du Premier ministre à l’ouverture de l'université d'été du Medef, à Jouy-en-Josas dans les Yvelines.
Au lendemain d’un remaniement ministériel affirmant la ligne social-démocrate de l’exécutif - avec la nomination d’Emmanuel Macron au ministère de l’Économie -, Manuel Valls a plaidé pour l’union entre le pouvoir politique de gauche et les entreprises. Et ce, afin de sortir l’économie française de la stagnation et enrayer la hausse du chômage.
"La France a besoin de ses entreprises, de toutes ses entreprises [...] car ce sont les entreprises qui, en innovant, en risquant les capitaux de leurs actionnaires, en mobilisant leurs salariés, en répondant aux attentes de leurs clients, créent de la valeur, génèrent de la richesse, qui doit profiter à tous. Et moi, j'aime l'entreprise, j'aime l'entreprise !", a déclaré Manuel Valls.
Manuel Valls lors de son discours à l'Université d'été du Medef
"Notre pays crève de ces postures"
Prévue de longue date, cette visite a pris une importance toute particulière au moment où la gauche du PS juge la politique gouvernementale trop favorable au patronat et trop timide sur les "contreparties" exigées en échange des fortes baisses du coût du travail. Répliquant justement à ceux qui demandent moins d’aides aux entreprises et plus pour les ménages, Manuel Valls a jugé qu’il était "absurde de parler de cadeaux faits aux patrons. Ce langage n’a aucun sens".
"Il est d’usage d’opposer la gauche et le monde de l’entreprise", a-t-il poursuivi. "Mais notre pays a besoin de sortir des postures, des jeux de rôle auxquels nous sommes tellement habitués. […] Notre pays crève de ces postures", a-t-il soutenu. "Cessons d’opposer systématiquement État et entreprises, chefs d’entreprise et salariés, organisations patronales et syndicats, a-t-il demandé. Cherchons plutôt à coopérer !"
Le nucléaire "une grande filière d’avenir"
Un message en harmonie avec celui délivré par Emmanuel Macron, lorsqu'il a pris ses fonctions à Bercy, mercredi. Le nouveau ministre de l’Économie a assumé sa différence avec Arnaud Montebourg, clamant sa volonté de restaurer la confiance des entreprises, des investisseurs et des Français en évitant les "oppositions stériles".
"Il s’agit de se battre. Mais se battre, ça ne se fera pas contre une partie de notre camp, ça ne se fera pas contre une partie des Français, ça se fera avec toutes les énergies", a déclaré celui qui fut à l’Élysée le point de contact entre la présidence la République et les entreprises.
La nomination de d’Emmanuel Macron a fait hurler les frondeurs PS. "Provocation dérisoire" pour Laurent Baumel. "Un financier à l'industrie", s'est indigné Jean-Marc Germain. Mais Manuel Valls avait ironisé sur ces "étiquettes surannées et dépassées" dès mardi soir. "Et alors ? On ne peut pas dans ce pays être entrepreneur, banquier, commerçant, artisan ?", s'était-il étonné.
Plus que jamais, Manuel Valls semble assumer ses choix, comme l’absence d’écologistes au gouvernement, à qui il n’a pas hésité à faire un pied de nez. Il n'a en effet pas hésité à affirmer au Medef que le nucléaire était "plus que jamais une grande filière d'avenir".
Manuel Valls : "Il est absurde de parler de cadeaux faits aux patrons"
Avec AFP et Reuters