Selon la presse anglo-saxonne, les renseignements du Royaume-Uni ont identifié un suspect britannique comme étant "Jihadi John", le bourreau du journaliste James Foley. Un site Internet serait, quant à lui, parvenu à localiser le lieu de l’exécution.
Ce qui n’était que supposition est devenue conviction. En affirmant dans les colonnes du "Sunday Times" du 24 août que l’exécution filmée du journaliste James Foley constituait "une trahison des valeurs" de son pays, le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, est venu accréditer la thèse selon laquelle "Jihadi John", nom donné par la presse anglo-saxonne au bourreau apparaissant sur la vidéo de l’organisation de l'État islamique (EI), est de nationalité britannique.
D’après l’édition dominicale du "Times", qui cite des sources gouvernementales, les services de renseignement du Royaume-Uni ont identifié un suspect britannique mais n’ont pas révélé son identité.
Un ancien rappeur de l’ouest londonien ?
À en croire le "New York Post", c’est un certain Abdel-Majed Abdel Bary qui serait dans le viseur des MI5 et MI6, les services secrets britanniques. Âgé de 23 ans, cet ancien rappeur de l’ouest londonien est l’un des six fils d’Adel Abdul Bary, un Égyptien en attente de jugement aux États-Unis pour son implication présumée dans les attentats de 1998, contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie.
Le jeune homme ferait partie du groupe de jihadistes britanniques que d’anciens otages en Syrie ont appelé les "Beatles", en raison de leur accent anglais prononcé. Connu sous le nom de L. Jinny lorsqu’il officiait dans le rap, Abdel-Majed Abdel Bary s’est radicalisé au contact d’un prédicateur nommé Anjem Choudary avant de quitter, en 2013, la maison familiale du très chic quartier londonien de Maida Vale pour rejoindre la Syrie.
Quelques jours avant la diffusion de la vidéo de l’exécution, Abdel-Majed Abdel Bary aurait attiré l’attention des renseignements en publiant sur Twitter une photo le montrant en tenue noire de camouflage, une tête décapitée dans la main gauche.
En qualité de rappeur, le Londonien avait tourné plusieurs clips vidéo sur lesquelles on l’entend chanter. Toujours selon le "New York Post", les renseignements britanniques seraient en train d’analyser les films, afin de déceler une éventuelle correspondance entre la voix de "Jihadi John" et celle d’Abdel-Majed Abdel Bary.
Londres disposerait toutefois de plusieurs informations sur un autre suspect. Le quotidien new-yorkais rapporte qu’un Britannique de 30 ans appelé Aine Davis, ancien gangster et trafiquant de drogue parti faire le jihad en Syrie, serait lui aussi soupçonné d’être "Jihadi John".
Le lieu de l’exécution localisé
Outre l’enquête menée par les renseignements britanniques, avec la coopération des États-Unis, certaines initiatives privées tentent d’apporter de nouveaux éléments sur l’exécution de James Foley.
Sur Bellingcat, un site d’investigation spécialisé dans le conflit en Syrie, le "journaliste citoyen" Elliot Higgins estime avoir localisé le lieu où a été tournée la vidéo de la décapitation. Ce serait sur une colline située au sud de Raqqa, ville du nord de la Syrie où l’EI a établi ses quartiers généraux, que s'est déroulé l'assassinat du journaliste américain.
Le site d'investigation a mené ses recherches en recoupant les quelques informations contenues sur la vidéo (une route, des massifs, une allée d’arbres) avec des données satellitaires disponibles sur le Web.
Pour le site Internet, cette localisation confirmerait que l’EI retient ses otages dans les environs de Raqqa. Une information qui revêt une certaine importance tant le mode opératoire du groupe terroriste le plus dangereux du monde reste encore difficile à déterminer.