
François Hollande a annoncé mardi le remplacement de plusieurs de ses collaborateurs, dont celui du conseiller économique et financier Emmanuel Macron par Laurence Boone, jusqu'ici très critique de la politique menée par l'exécutif.
C'est un remaniement en profondeur que vient d'opérer dans son cabinet François Hollande, toujours en quête de rebond. Le président français a annoncé, mardi 10 juin, le départ d'une demi-douzaine de ses conseillers, et notamment celui de Emmanuel Macron, figure centrale de la présidence, spécialiste de l'économie et des finances.
Pour le remplacer, le chef de l'État a fait le surprenant choix de nommer celle qui a eu des mots très durs ces derniers temps sur le gouvernement. Laurence Boone, chef économiste de Bank of America Meryll Lynch depuis 2011, fustigeait fin mai, "l'absence totale de politique économique, qui va conduire la France dans trois ans à mettre droite et gauche classiques au 3e rang derrière le FN", dans une chronique publiée dans le quotidien "L'Opinion".
"Sans changement de politique économique, sans présentation d'une stratégie économique crédible, parce que détaillée, argumentée, avec des objectifs chiffrés réalistes, la France dans trois ans, c'est 3 millions de chômeurs, 3-4 % de déficit, une dette à 100 % du PIB, des jeunes très diplômés qui continuent de s'installer à l'étranger", ajoutait-elle.
Laurence Boone expliquait cependant fin mai à Reuters que François Hollande n'avait pas réellement d'autre choix. Elle prendra ses fonctions le 15 juillet. Contrairement à Emmanuel Macron, elle ne sera pas en plus secrétaire générale adjointe de l'Élysée. Nicolas Revel sera alors seul à les assumer.
Membre du Conseil d'analyse économique et du conseil d'administration du groupe de luxe Kering, Laurence Boone a été chef économiste de Barclays Capital France. Diplômée de la London Business School et de Paris X Nanterre, elle est professeur à Sciences Po.
Claude Sérillon reste conseiller
Un peu plus de deux ans après son arrivée à l'Élysée et au comble de l'impopularité, le chef de l'État s'entoure donc d'une nouvelle équipe avec, toujours selon M. Jouyet, une "volonté de féminisation".
La journaliste de Canal + Nathalie Iannetta, spécialiste du football, deviendra à la mi-juin conseillère pour le sport, la jeunesse et la vie associative. Elle se donne pour mission de transformer le slogan de l'Euro 2016, "Le foot comme on l'aime" en "La France comme on l'aime", a-t-elle confié à l'AFP.
Nathalie Iannetta succèdera à l'ancien champion de judo, Thierry Rey, qui rejoindra pour sa part l'inspection générale de la Jeunesse et des sports.
À compter du 1er septembre aussi, David Kessler, conseiller pour la culture et la communication, laissera sa place à Audrey Azoulay, numéro 2 du Centre national du cinéma.
Et, à compter du 24 juin, Virginie Christnacht, qui fut à la tête du service de presse de la Ville de Paris sous l'ère Delanoë et réside pour l'heure en Australie, occupera les mêmes fonctions à l'Élysée, remplaçant Fabrice Hermel.
D'autres changements affectent la cellule diplomatique de l'Élysée, qui reste cependant dirigée par Paul Jean-Ortiz. L'arrivée de Jacques Audibert, ancien directeur des affaires politiques au Quai d'Orsay, comme sherpa du chef de l'État avait déjà été annoncée il y a une quinzaine de jours.
Mais d'autres nouveaux venus font leur entrée au "Palais". Ainsi, Cyril Piquemal a débarqué dès mardi, en provenance du cabinet de Ségolène Royal, pour remplacer Matthieu Peyraud qui part à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Cyril Piquemal aura dans son escarcelle les sujets multilatéraux, dont le G7, et secondera Laurence Boone sur le G20.
Christian Lechervy, conseiller pour les affaires stratégiques et l'Asie, quitte également la cellule pour occuper un poste diplomatique non encore précisé.
Ultime succession, celle de Xavier Piechaczyk, ex-conseiller de Jean-Marc Ayrault à Matignon, qui rejoint le cabinet de François Hollande en lieu et place de Patrick Vieu, sur l'environnement et les territoires.
En revanche, l'ancien journaliste Claude Sérillon conserve ses fonctions de "conseiller", dont le périmètre n'a jamais été précisé. "Je ne suis pas du tout démissionnaire", a-t-il déclaré devant quelques journalistes croisés dans les couloirs de l'Élysée alors que des informations de la presse le donnaient partant mardi.
(Avec AFP et Reuters)