Alors qu'une personne a été tuée et des centaines d'autres blessées dans les émeutes anti-chinoises au Vietnam, Pékin a affirmé qu'il poursuivrait son exploitation pétrolière dans des eaux contestées situées en mer de Chine méridionale.
Les émeutes anti-chinoises continuent d'enflammer le Vietnam. Un Chinois a été tué et une centaine d'autres blessés, suscitant la colère de la Chine, qui, pour sa part, refuse de cesser l'exploitation d'une plateforme pétrolière dans des eaux contestées en mer de Chine méridionale.
Les violences, qui ont éclaté mardi 13 mai dans le sud du Vietnam, se sont déclenchées lorsque Pékin a déployé une plateforme au large d'îles que se disputent les deux pays communistes.
"Ce que nous allons faire, c'est assurer la sécurité de cette plateforme pétrolière et nous assurer qu'elle continuera à fonctionner", a asséné, jeudi à Washington, le général Fang Fenghui après une rencontre avec son homologue américain Martin Dempsey au Pentagone.
Il a également réaffirmé que le projet de forage concernant les eaux territoriales chinoises et serait mené à bien en dépit des violences. Le Vietnam a envoyé sur place des navires pour tenter de perturber l'exploitation de la plateforme, a-t-il assuré, "et c'est quelque chose que nous ne pouvons pas accepter", a estimé le général.
Au Vietnam, dont le régime autoritaire à parti unique ne tolère habituellement aucune contestation, le Premier ministre, Nguyen Tan Dung, a décrit la situation comme "très sérieuse" et affirmé que les émeutiers devaient être sanctionnés, tout en jugeant que le patriotisme des manifestants était "une bonne chose".
Selon des experts, le gouvernement vietnamien permet certaines manifestations afin d'exprimer son extrême mécontentement envers Pékin, mais il pourrait avoir été dépassé par l'ampleur du mouvement.
Des centaines de ressortissants chinois installés au Vietnam se sont réfugiés au Cambodge voisin, selon la police cambodgienne.
Les dernières émeutes se sont produites dans le centre du pays, dans la province de Ha Tinh, à quelque 500 kilomètres de Hanoï.
Une histoire houleuse
Le Vietnam et la Chine ont une longue histoire émaillée de contentieux nourrissant les rancœurs nationalistes.
En 1974, alors que les États-Unis se retiraient du Vietnam, la Chine avait pris le contrôle des îles Paracels (Xisha en chinois) en mer de Chine méridionale, occupées par le Sud-Vietnam. En 1979, les deux voisins communistes se sont également affrontés lors d'une guerre, brève mais sanglante, après l'invasion par la Chine des provinces les plus septentrionales du Vietnam. Puis en 1988, les forces chinoises prennent le contrôle des îles Spratleys (Nansha en chinois), toujours en mer de Chine, à la suite d'un accrochage.
Les deux pays ont toutefois normalisé leurs relations en 1991 et multiplié les liens économiques.
Mais la politique revendicative de Pékin et son annonce début mai du déploiement d'une plateforme de forage pétrolier en eau profonde dans ces eaux contestées a réveillé les vieux démons nationalistes au Vietnam.
Avec AFP et Reuters