Fuyant les émeutes anti-chinoises qui on fait une vingtaine de morts depuis mardi, de plus en plus de Chinois du Vietnam franchissent la frontière pour se réfugier au Cambodge.
Les violences anti-chinoises n’en finissent pas d’enflammer le Vietnam : une vingtaine de personnes ont été tuées depuis mardi et des centaines de Chinois sont en train de fuir vers le Cambodge voisin.
"Hier, plus de 600 Chinois du Vietnam ont traversé au point de passage international de Bavet vers le Cambodge", a déclaré un porte-parole de la police cambodgienne jeudi 15 mai. Ils pourront rentrer au Vietnam une fois le calme revenu, a-t-il ajouté. Bavet est sur la voie qui va de Hô-Chi-Minh-Ville, capitale économique du Vietnam, à Phnom Penh, la capitale cambodgienne.
L’apaisement ne semble toutefois pas encore d’actualité au Vietnam. Les émeutes ont démarré mardi en réaction à un projet chinois de forage pétrolier dans un secteur contesté de mer de Chine méridionale. Des milliers de Vietnamiens ont manifesté dans le sud du pays contre ce projet, puis ont mis le feu à des usines étrangères et ont causé des dégâts dans plusieurs zones industrielles de la région.
Vingt morts dans le centre du pays
D’après un médecin exerçant dans la province de Ha Tinh, dans le centre du pays, cinq Vietnamiens et seize personnes présentées comme des ressortissants chinois ont été tués dans la nuit de mercredi à jeudi.
"Une centaine de personnes ont été envoyées à l'hôpital la nuit dernière. Beaucoup étaient chinois. Et davantage de personnes sont envoyées à l'hôpital ce matin", a affirmé jeudi à Reuters le médecin en question lors d'un échange par téléphone.
Les violences sont surtout dirigées contre des entreprises détenues par des Taïwanais, pris à tort pour des ressortissants de Chine continentale par les émeutiers.
D’après la presse taïwanaise, les assaillants ont attaqué mercredi une usine d'acier de l'entreprise Formosa Plastics Group, le plus gros investisseur taïwanais au Vietnam. Une attaque confirmée par l’entreprise, qui affirme que les violences ont fait un mort et 90 blessés parmi ses salariés chinois, tandis que les Vietnamiens et les Taïwanais ont été épargnés.
Le journal officiel Thanh Nien affirme qu’environ 600 personnes ont été arrêtées dans la province de Binh Duong, près de Hô-Chi-Minh-Ville, pour avoir participé à des pillages et pour incitation à la violence.
Washington a appelé les deux camps à la retenue. Ce genre de conflit "doit être résolu par le dialogue et non par des intimidations", a déclaré Jay Carney, porte-parole de la Maison blanche.
Depuis 2007, des dizaines de manifestations antichinoises ont eu lieu au Vietnam, sans jamais toutefois atteindre une telle ampleur. Selon certains experts, le gouvernement vietnamien autorise certaines de ces manifestations afin d'exprimer son propre mécontentement envers Pékin. Mais il pourrait avoir été dépassé par l'ampleur du mouvement.
Avec Reuters