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Juan Carlos Varela a été élu président du Panama, dimanche, avec 39 % des voix. Ce conservateur, vice-président et ancien ministre des Affaires étrangères, a promis de mieux répartir les fruits de la forte croissance que connaît le pays.

Les sondages le donnait troisième, il a finalement remporté l’élection présidentielle au Panama. Le conservateur Juan Carlos Varela, jusque-là vice-président, a été élu avec 39 % des voix, dimanche 4 mai, selon les premiers résultats de ce scrutin à un tour.

Catholique fervent, cet homme d’affaire de 50 ans était entré en dissidence après des désaccords avec son prédécesseur, Ricardo Martinelli, lui aussi conservateur et dont il avait été le ministre des Affaires étrangères entre 2009 et 2011.
Comme ses deux rivaux José Domingo Arias et Juan Carlos Navarro, Juan Carlos Varela avait fait de la réduction des inégalités et de la lutte contre l’inflation (4 % en 2013) ses principaux thèmes de campagnes. Dans ce pays de 3,8 millions d’habitants, la croissance, qui dépasse les 8 %, a laissé une partie des Panaméens sur la touche : plus de 25 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
La "Dubaï des Amériques"
Si le quartier chic de Punta Pacifica, conglomérat de gratte-ciel en bord de mer, témoigne du boom immobilier qui fait du pays le "Dubaï des Amériques", cette prospérité affichée contraste avec les bidonvilles tout proches : leurs habitants n’ont pas l’eau courante et ne peuvent accéder à l'éducation, à la santé ou aux transports.
"La croissance économique n'a profité qu'à l'élite. Les millionnaires sont toujours plus millionnaires, mais au détriment de ceux d'en bas", estime Jaime Porcell, expert en analyses électorales interrogé par l’AFP.
Juan Carlos Varela s’est également engagé à combattre la corruption qui gangrène l’économie panaméenne, à réduire la dette publique, passée de 10,8 à 17 milliards de dollars sous la présidence de Martinelli, et à maintenir l’alignement du Panama sur Washington. 
Pas de changement de cap attendu
Certains commentateurs soulignent l’héritage familial de Juan Carlos Varela pour évoquer un "virage à gauche" : plusieurs membres de la famille du nouveau président ont été des  proches collaborateurs d’Arnulfo Arias, trois fois président dans les années 1940 à 1960, qui a notamment mis en place un système de sécurité sociale et accordé le droit de vote aux femmes. Mais la plupart des analystes estiment qu’il ne faut pas pour autant s’attendre à un changement de cap dans la politique du pays. Les trois candidats avaient des programmes similaires et la campagne s’est concentrée sur leurs personnalités plus que sur leurs propositions.
La marge de manœuvre du nouveau président semble de toute façon réduite : depuis la rétrocession du canal par les États-Unis, en 1999, l’économie du Panama est largement dépendante des activités liées au trafic maritime. Les travaux d'élargissement du canal, lancés en 2006, ont pris du retard en raison de grèves et d'un conflit entre l'Autorité du canal et le consortium d'entreprises internationales chargées des travaux. L'inauguration de la nouvelle voie est désormais prévue pour début 2016, alors qu’elle devait initialement avoir lieu en 2014, à l'occasion du centenaire du canal.

Avec AFP et Reuters