Dans la presse internationale, vendredi 11 avril : l'Ukraine, les élections en Inde et l'histoire d'un ouvrier italien qui s'aperçoit, 40 ans plus tard, qu'il possède deux toiles de maîtres.
Le "Guardian" donne la parole, une fois n’est pas coutume, à un éditorialiste russe pour faire entendre une autre voix sur l'Ukraine. Et pas n’importe qui : le patron de la chaine Russia Today, qui a récemment été placé sur la liste des persona non grata en Europe, dans le cadre des sanctions imposées par Bruxelles contre Moscou. Dmitry Kiselev est considéré par certains comme le "chef de la propagande de Poutine", mais lui dénonce ces mesures comme une atteinte à la liberté d’expression. Il explique qu’en Russie, contrairement à ce qu’écrit la presse occidentale, il est possible de tout dire, de tout écrire, qu’il n’y a pas de censure. Et d'après lui, son exemple montre qu’il n’en est pas de mêmeen Europe.
Une chose est sûre, il aura pu s’exprimer dans le "Guardian".
Toujours à propos de la crise ukrainienne, les milices inquiètent le gouvernement de Kiev. Ces groupes d’auto-défense se sont constitués pendant les semaines de manifestation, pour s’opposer à la police pro-russe. Désormais, selon le "Wall Street Journal", elles inquiétent le gouvernement, qui cherche à les désarmer. Le quotidien fait notamment le portrait d’un jeune révolutionnaire de 25 ans, qui garde chez lui tout un arsenal : battes de baseball, matraques en métal, mais aussi armes à feu de sniper et grenades.
Il devrait les rendre, selon une résolution récente du gouvernement. Mais comme d’autres activistes, il préfère les garder pour s’assurer du bon déroulement de l’élection présidentielle, le 25 mai prochain, mais aussi pour chasser les voleurs et faire le travail d’une police incompétente, selon lui. Ces hommes armés viennent de groupes divers, parfois très radicaux.
À ce propos, dans "The Independent", l’éditorialiste demande à l’Europe de se soucier justement des problèmes internes en Ukraine. Plutôt que de s’opposer à la Russie et à Poutine, l’Europe devrait surtout mettre la pression sur Kiev, pour que les élections à venir se passent bien. Le journal britannique s’inquiète lui aussi de la présence d’extrémistes à tendance fasciste. Et alors qu’Européens, Russes et Américains pourraient se retrouver la semaine prochaine pour des négociations importantes, l’Europe ne devrait pas faire l’erreur de choisir entre l’Ukraine et la Russie, entre l’Est et l’Ouest, mais plutôt pousser l’Ukraine à reprendre la voie de la démocratie et de la croissance économique, conclut le quotidien.
On passe ensuite aux élections en Inde, où l'on a commencé à voter depuis lundi. Évidemment, un scrutin dans la plus grande démocratie du monde, c’est tout simplement énorme : plus de 800 millions d’électeurs, cinq semaines de vote. Et pour l’instant, après la troisième phase (sur neuf), cela se passe bien, nous apprend "The Hindu". Très bien même, avec très peu de violences et surtout des records de participation : plus de 80% dans certains États.
Toutefois, certaines voix commencent à s’élever contre celui qui apparait comme le favori, Narendra Modi, nationaliste hindou. Salman Rushdie, Anish Kapoor... une dizaine d’écrivains et d'artistes parmi les plus célèbres du pays ont écrit une lettre au "Guardian", dans laquelle ils s’inquiètent du fait qu’un nationaliste hindou puisse devenir Premier ministre. Selon eux, sa victoire risque de mettre fin "à l’avenir de l’Inde comme un pays défenseur des idéaux d’intégration et de protection de toutes les communautés".
Et l'on termine enfin par cette histoire d'un ouvrier italien qui, il y a 40 ans, a acheté deux tableaux aux enchères pour une trentaine d’euros. Quarante ans plus tard, son fils s’est aperçu qu’il s’agissait de chefs-d’œuvre de Bonnard et de Gauguin, d’une valeur estimé à 50 millions d’euros. Les tableaux avaient été volés en 1970, mais depuis, personne ne les a jamais réclamés, si bien qu’ils appartiennent désormais à cet ouvrier italien, qui a une preuve de son achat. Il n’a pas encore décidé ce qu’il allait en faire : soit les garder, soit en vendre un et offrir l’autre à un musée.