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Accusé par "Le Point" d’avoir favorisé des proches au détriment des comptes de l’UMP, Jean-François Copé a annoncé une proposition de loi exigeant la transparence financière des partis ainsi que des médias bénéficiant d’une aide publique.

Méthode digne de "l’Inquisition", vendetta", "coup monté"… Fidèle à la ligne qu’il a adoptée depuis la publication, la semaine dernière, d’une enquête de l’hebdomadaire "Le Point" l’accusant d’avoir surfacturé l'organisation des meetings de Nicolas Sarkozy en 2012, le président de l’UMP, Jean-François Copé, a dénoncé, lundi 3 mars, la "chasse à l’homme" dont il fait l’objet dans la presse.

Employant un ton très combatif, le patron du premier parti d’opposition s’est employé, lors d'une "déclaration solennelle" au siège de l'UMP, à fustiger une "campagne agressive, voire haineuse" qui ne serait pas étrangère à la tenue, dans quelques jours, des élections municipales. L’occasion pour lui de réaffirmer qu'il ne se laisserait pas déstabiliser par "la rumeur, les insinuations, les manipulations" et resterait à la tête du parti pour mener la campagne des municipales et des européennes, prévues en mai.

"Le Point" a accusé, jeudi 27 février, la société de communication Bygmalion, fondée par des proches de Jean-François Copé, d'avoir surfacturé l'organisation de meetings électoraux de Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle de 2012. Selon l’hebdomadaire, l’entreprise aurait engrangé 8 millions d’euros.

Publication des "éléments comptables" de l’UMP

Soucieux de "mettre un terme à ce climat nauséabond", Jean-François Copé a dit vouloir "prendre aux mots les donneurs de leçons" et annoncé le dépôt de deux propositions de loi en faveur de "la transparence et de la démocratie" à l'Assemblée nationale à la reprise des travaux parlementaires, début avril.

La première imposerait à l'ensemble des partis bénéficiant d'une aide publique de publier leurs pièces comptables depuis 2007. Dans cette perspective, il a promis la "transparence" sur les éléments comptables de l'UMP, qui seront placés "dans une pièce qui sera scellée par un huissier" et "rouverte" après l'adoption de cette proposition de loi.

Réactions ironiques au PS

Plusieurs responsables du Parti socialiste (PS) se sont empressés de moquer les propositions de Jean-François Copé qui, ont-ils rappelé, avait voté contre la loi sur la transparence de la vie politique faisant suite à l'affaire Cahuzac.

"Quand je pense qu'on vient de voter une loi sur la transparence, c'est ballot que Copé n'ait pas pensé à faire un amendement", a réagi sur Twitter, Laurence Rossignol, l'une des porte-parole du PS. "Transparence sous scellés. Seule conséquence immédiate de la déclaration de Copé : personne n'aura accès aux comptes de l'UMP même en interne", a estimé de son côté David Assouline, autre porte-parole.

Quant à Étienne Gernelle, directeur de publication de l'hebdomadaire "Le Point", il dénonce une "manœuvre dilatoire" du patron de l'UMP. "C'est gros comme une maison. Il a trouvé quelque chose pour ne pas donner" les comptes de l'UMP car "il subodore que cette loi ne sera pas votée", a-t-il déclaré sur la chaîne d’information BFMTV.

Interrogé sur les accusations de Jean-François Copé contre des médias qui utilisent des "méthodes dignes de l'Inquisition et parmi eux des Tartuffe bouffis d'orgueil", Étienne Gernelle a répondu : "ce n'est pas une inquisition, c'est une enquête, c'est du journalisme d'investigation". "Tout est prouvé", a-t-il ajouté. "Il y a quelque chose qui s'appelle une presse libre et indépendante, il le découvre".

Avec AFP