Alors que le Soudan du Sud est toujours en proie à de violents affrontements, les réfugiés sud-soudanais affluent par milliers en Ouganda, pays frontalier, où ils se regroupent par communautés.
À Dzaipi, une petite bourgade située dans le nord de l’Ouganda, plus de 45 000 Sud-Soudanais ont trouvé refuge. Ces personnes, majoritairement des femmes et des enfants, ont fui les combats qui continuent de faire rage au Soudan du Sud, malgré un cessez-le-feu signé le 23 janvier.
"On a fui quand la guerre a commencé", témoigne à FRANCE 24 une mère de quatre enfants, originaire de la ville de Bor au Soudan du Sud. Cette dernière vient de donner naissance à son quatrième enfant sous une tente du camp poussiéreux. Ici, les réfugiés manquent d’eau potable, de médicaments et de nourrriture. "Mon mari nous a laissé ici avec ma mère et les enfants puis il est retourné se battre contre les rebelles", raconte la réfugiée.
Cette femme, comme près de 90 % de la population du camp, est d’origine dinka, la tribu du président Salva Kiir. Leurs rivaux, les Nuer, alliés au chef rebelle Riek Machaar, sont regroupés plus loin, dans le centre de l'Ouganda. Et ce, même si le gouvernement ougandais se défend de toute division au sein des réfugiés.
Conflit à caractère ethnique
"Je pense que [la séparation selon les ethnies] vient du fait que les gens fuient en communauté. Ils se sentent plus en sécurité entre eux", explique Lucie Beck, une membre du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), présente sur place.
La répartition des réfugiés sud-soudanais en Ouganda illustre le caractère ethnique qu’a pris le conflit. "C'est une dispute politique. Je ne peux rien dire d'autre de cette guerre. Je me sens mal car nous avons eu l'indépendance. J'ai aimé cette indépendance. Tout allait bien", confie Michael, qui a déjà fui son pays trois fois depuis 1997, à l'époque de la guerre menée par le Sud contre le Nord du Soudan "C'est très difficile maintenant d'être à nouveau réfugié".
Depuis la mi-décembre, le conflit au Soudan du Sud a fait fuir près de 60 000 personnes au nord de l'Ouganda. En six semaines, des milliers de personnes ont été tuées et 800 000 chassées de chez elles.