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Chine : ouverture sous tension du procès d’un militant anti-corruption

Xu Zhiyong, fondateur du Mouvement des nouveaux citoyens, est accusé d’avoir tenté de "subvertir le pouvoir politique". La communauté internationale s’est dit inquiète du "durcissement" de la répression contre les militants anti-corruption.

Il est accusé de trouble à l’ordre public. Le procès de l’universitaire chinois Xu Zhiyong, qui a appelé les dirigeants communistes à davantage de transparence, s'ouvre mercredi 22 janvier à Pékin. Arrêté en juillet dernier, le fondateur du Mouvement des nouveaux citoyens, un réseau informel de militants actuellement dans le collimateur des autorités chinoises, encourt une peine de cinq ans de réclusion.

Des dizaines de policiers en uniforme ou en civil ont pris place autour du tribunal situé dans l'ouest de Pékin où la presse étrangère n’est pas admise. Preuve de la fébrilité des autorités, des journalistes présents ont été pris à partie par les forces de l’ordre qui ont tenté de les empêcher de filmer l'édifice, a constaté un confrère de l'AFP sur place. D’après le correspondant de CNN en Chine, David McKenzie, le correspondant de la BBC, Martin Patience, a été malmené et sa caméra brisée. David McKenzie a posté une photo sur le site de microbbloging Twitter.

Inlassable promoteur de réformes du système juridique, Xu Zhiyong avait officiellement été arrêté pour "organisation de rassemblement illégal visant à subvertir le pouvoir politique". Il avait écrit en mai 2012 un article intitulé "La Chine a besoin d'un Mouvement des nouveaux citoyens". Depuis, des dizaines de personnes prétendument liées à ce réseau ont été la cible d'interpellations extra-judiciaires, ou placées en détention, ou encore formellement arrêtées.

Amnesty dénonce "l’hypocrisie" des autorités chinoises

M. Xu a prôné une mobilisation citoyenne contre la corruption et exigé une transparence sur le patrimoine des hauts fonctionnaires. "Si vous ne révélez pas votre patrimoine, cela signifie que vous avez quelque chose à cacher", a affirmé l'un de ses partisans rassemblés devant le tribunal, Wu Guangzhong.

La communauté internationale a vivement critiqué le procès des huit militants anti-corruption dont Xu Zhiyong fait partie. Amnesty International a dénoncé, mardi 21 janvier, l'"hypocrisie" des autorités chinoises qui continuent d’afficher une volonté de transparence et de lutte contre les pots-de-vin. "À la place des mesures contre la corruption promises par le président Xi Jinping, nous assistons à une répression contre ceux qui la combattent", a affirmé dans un communiqué l'organisation de défense des droits de l'Homme. "Les persécutions des militants liés au Mouvement des nouveaux citoyens doivent prendre fin", a ajouté Amnesty, selon qui "Xu Zhiyong est un prisonnier de conscience ».

L'ambassadeur de l'Union européenne en Chine, en achevant son mandat à Pékin, s'est dit inquiet du "durcissement" des autorités chinoises à l'encontre de militants des libertés, en citant notamment le Mouvement des nouveaux citoyens.

Les États-Unis avaient, de leur côté, fait part de leurs "inquiétudes" après l'arrestation de Xu l’été dernier, en s'étonnant qu'il "puisse être poursuivi en raison de sa campagne publique pour révéler les méfaits des fonctionnaires et de ses opinions pacifiquement exprimées".

Droit dans ses bottes, Pékin a répondu mardi en demandant aux pays étrangers de ne "pas s'ingérer dans les affaires intérieures de la Chine". "Xu Zhiyong est suspecté d'infractions pénales", a déclaré Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. "Il s'agit d'une affaire pénale ordinaire. La Chine est un État de droit".

Avec AFP