Lundi, des milliers de manifestants ont affronté les forces de l'ordre en Thaïlande pour faire tomber le gouvernement. La Première ministre, Yingluck Shinawatra, qui a exclu de démissionner, s'est dite ouverte au dialogue.
La mobilisation en Thaïlande se poursuit. De nouvelles échauffourées ont eu lieu lundi 2 décembre au matin à Bangkok entre les forces de l'ordre et les milliers de manifestants d'opposition voulant faire tomber le gouvernement. De son côté, la Première ministre, Yingluck Shinawatra, a réitéré son offre de dialogue pour désamorcer la plus grave crise politique du royaume depuis 2010.
Lors d'une conférence de presse télévisée organisée après une deuxième journée d'affrontements dans la capitale, Yingluck Shinawatra a affirmé que les généraux
itn'interviendraient pas. "L'armée s'est placée en position de neutralité et elle souhaite une solution pacifique", a-t-elle dit, promettant d'ouvrir "toutes les portes" à la négociation.
Le rôle décisif de l'armée
Mais quelques minutes après son allocution, le chef de la police a déclaré que les forces de l'ordre avaient tiré des balles en caoutchouc contre des protestataires qui menaçaient de marcher jusqu'au siège du gouvernement."Nous utilisons en alternance canons à eau, gaz lacrymogène et balles en caoutchouc dans un seul secteur, celui du pont près du siège du gouvernement", a déclaré Paradorn Pattanathabutr.
"Reste à connaître le rôle que va tenir l'armée thaïlandaise", estime Cyril Payen, envoyé spécial de FRANCE 24 à Bangkok. "Elle s'est souvent invitée dans la politique du pays, avec pas moins de 18 coups d'État. Pour le moment, elle observe mais elle pourrait avoir un rôle de pivot dans cette crise", précise le journaliste.
"Journée de la victoire"
Des échauffourées ont eu lieu devant le siège de la police métropolitaine. Face à la gravité de la situation, plusieurs grandes universités, invoquant la sécurité des étudiants, sont restées fermées.
Après avoir décrété sans succès dimanche "journée de la victoire", le chef des contestataires, Suthep Thaugsuban, a fixé à mardi une nouvelle date butoir pour que Yingluck Shinawatra renonce au pouvoir.
Le grand meneur de la contestation fait, par ailleurs, l'objet d'un mandat d'arrêt contre lui."Même si je dois mourir au champ de bataille, je sais que je serai relayé" a déclaré Suthep Thaugsuban.
Crainte d'un retour de Thaksin
Au cœur de la colère des manifestants, alliance hétéroclite de bourgeois conservateurs proches du Parti démocrate, le principal parti d'opposition, et de groupuscules ultra-royalistes : une haine profonde de Thaksin Shinawatra, frère de la Première ministre. Ils accusent le milliardaire, renversé de son poste de Premier ministre par un coup d'État en 2006, d'être toujours le véritable décisionnaire de la politique du gouvernement depuis son exil à Dubaï.
Le mouvement de contestation a été provoqué par un projet de loi d'amnistie taillé sur mesure, selon l'opposition, pour permettre le retour de Thaksin, en exil pour échapper à une condamnation à la prison pour malversations financières. Malgré le rejet du texte par le Sénat, les manifestants n'ont pas désarmé. Dimanche, on comptait encore environ 70 000 manifestants à Bangkok.
Ban Ki-moon "préoccupé"
L'escalade de la tension depuis un mois, qui a franchi un cap ce week-end, fait redouter le pire dans un pays prompt à s'embraser. Plusieurs grands centres commerciaux, dont l'un avait été incendié pendant la crise de 2010, ont été fermés.
En marge de la Conférence générale de l'agence des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), à Lima au Pérou, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déclaré à la presse "noter avec préoccupation les tentatives répétées des manifestants d'occuper par la force les bâtiments officiels et des médias".
Avec AFP et REUTERS