L’un des principaux groupes américains de défense, Lockheed Martins, a démontré les capacités de surveillance d’un… caillou. Ou plutôt de capteurs qui peuvent être placés dans des pierres afin de rendre les dispositifs de surveillance plus discrets.
Il n'y a pas que la NSA qui espionne, il y a aussi les cailloux. Lockheed Martin, le géant américain de la défense, a réaffirmé, la semaine dernière lors de l’AUSA (le rassemblement annuel de tous ceux qui travaillent avec l’armée américaine) vouloir pousser sur le terrain son nouveau super-espion qui tient... dans un caillou.
Baptisée SPAN (pour "Self-Powered Ad-hoc Network" - réseau ad-hoc auto-alimenté), cette technologie est en développement depuis près d’une décennie. Il s’agit d’un capteur suffisamment petit pour être placé dans des réceptacles aussi anodins que des petites pierres. À la différence des premiers prototypes, les SPAN de dernière génération peuvent être laissés "à l’abandon" sur place pendant des années car ils se rechargent grâce à l’énergie solaire. D’après Matt Plyburn, un responsable de Lockheed Martin interrogé par le site spécialisé dans les nouvelles technologies "Wired", ces petits dispositifs auraient une durée de vie de plus de 20 ans.
Une fois qu’un de ces mini-maîtres espions perçoit un mouvement suspect, il avertit un drone ou un agent en chair et en os qui peut ensuite aller observer de plus près de quoi il en retourne. Tout le défi de ces dernières années a été, pour les ingénieurs de Lockheed Martins, de réduire le nombre de "faux positifs". Le groupe américain assure qu’aujourd’hui, ses sentinelles rocailleuses savent parfaitement faire la part des choses. Mais pour l’heure, l'efficacité des SPAN n'a pas encore été officiellement testée.
Pour Lockheed, les SPAN seraient de parfaits compagnons technologiques pour améliorer la surveillance aux frontières ou encore aux abords des QG des grands groupes qui hébergent d’importants secrets industriels. Le but, d’après Lockheed Martin, est d’offrir un système "de surveillance non-intrusive et en continu" à un coût opérationnel défiant toute concurrence, rapporte la chaîne russe d’informations en continu Russia Today. Chaque capteur est vendu 1 000 dollars. L’idée est de quadriller au maximum une zone grâce à ces cailloux afin de la sécuriser.
Ils voient des cailloux partout
Des espions tout terrain que l'armée américaine laisserait en souvenir au moment de quitter des zones où, comme en Afghanistan, les conflits sont toujours latents. "Nous allons laisser un grand nombre d’agents en Afghanistan et ils vont avoir besoin de ce genre de technologie facile à mettre en place pour surveiller, par exemple, un village sans pour autant installer des dispositifs trop voyants", affirme Matt Plyburn.
Lockheed Martin n’est pas le seul à travailler sur ce genre de technologie. L’armée américaine finance, à hauteur de plusieurs millions de dollars, la société américaine Camgian Microsystem pour travailler sur des technologies de réduction de consommation d’énergie de ce genre de capteurs. Depuis 2008, Textron, un groupe américain spécialisé dans les technologies militaires, commercialise un système qui ressemble beaucoup au SPAN sans être aussi discret.
Même les services secrets britanniques se sont déjà intéressés aux cailloux espions. Mais ils en ont gardé un amer souvenir : ils avaient essayé en 2006 d’espionner les Russes en installant un micro dans un caillou en plastique déposé dans une rue de Moscou. La Russie avait, rapidement, découvert le subterfuge, ce qui avait déclenché une mini-crise diplomatique entre les deux pays. "L’épisode du caillou espion a été plutôt embarrassant", a reconnu en 2012 Jonathan Powell, l’un des principaux conseiller de Tony Blair qui était Premier ministre britannique à l’époque.