
Au lendemain de la proposition de négociations des États-Unis à l'Iran, Mahmoud Ahmadinejad a inauguré la première usine iranienne de fabrication de combustible nucléaire. Téhéran affirme en maîtriser le cycle de production.
AFP - Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a inauguré jeudi à Ispahan (centre) la première usine de fabrication de combustible nucléaire, une nouvelle étape importante dans le programme nucléaire controversé de l'Iran.
Avec l'inauguration de cette usine, Téhéran affirme maîtriser désormais le cycle de la fabrication de combustible nucléaire.
L'Iran a en outre "testé deux nouveaux types de centrifugeuses d'une capacité plusieurs fois supérieures à celles existantes actuellement", a ajouté le président Ahmadinejad lors d'un discours à l'occasion de la "Journée nationale de l'énergie atomique".
La République islamique a "installé environ 7.000 centrifugeuses (à Natanz, centre) et ce chiffre atteindra les 50.000 durant le programme quinquennal", a indiqué pour sa part le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) Gholamreza Aghazadeh.
Interrogée par l'AFP, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a refusé de commenter ces chiffres.
Dans un rapport du 19 février, l'AIEA affirmait que l'Iran possédait 3.964 centrifugeuses en activité, 1.476 machines sous test et quelque 125 centrifugeuses installées mais pas encore en fonctionnement.
L'usine inaugurée à Ispahan a une capacité annuelle de production de 10 tonnes de combustible nucléaire pour alimenter le réacteur de recherche à eau lourde de 40 mégawatts d'Arak, actuellement en construction dans la province Markazi (centre), et de 30 tonnes de combustible pour les futurs réacteurs à eau légère, selon l'agence de presse Mehr.
Le cycle du combustible nucléaire comprend notamment l'usine de l'UF6 (hexafluorure d'uranium), également à Ispahan, dont la production est utilisée pour obtenir de l'uranium enrichi produit à l'usine de Natanz.
Ensuite, cet uranium doit être utilisé dans la nouvelle usine d'Ispahan pour fabriquer du combustible nucléaire pour les futures centrales nucléaires du pays.
Ces annonces interviennent alors que le groupe des Six (Russie, Allemagne, Chine, Etats-Unis, France et Grande-Bretagne) a annoncé mercredi qu'il allait adresser à l'Iran une invitation pour une rencontre directe afin de discuter de son programme nucléaire.
Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément.
"Cette proposition doit être examinée. Mais il s'agit d'une proposition constructive et d'un changement d'attitude", a déclaré à l'AFP Ali Akbar Javanfekr, un proche conseiller du président Ahmadinejad.
"Nous espérons que cela montre un changement d'attitude vers une approche plus réaliste", a-t-il ajouté.
Le président Ahmadinejad a déclaré jeudi que "l'Iran cherchait toujours un dialogue logique" mais que tout dialogue devait être "basé sur le respect mutuel et la justice".
Il a ajouté que l'Iran n'acceptait pas de "dialogue à sens unique et des négociations dans une atmosphère d'intimidation".
Les Six ont salué la main tendue à l'Iran du président américain Barack Obama, et sa volonté de "se joindre à toute rencontre future avec des représentants" de l'Iran.
"Nous exhortons fermement l'Iran à saisir cette opportunité pour s'engager sérieusement avec nous tous dans un esprit de respect mutuel", ont-ils ajouté.
Mercredi, le département d'Etat a dit espérer une acceptation par l'Iran de l'invitation des Six, en soulignant qu'une "solution diplomatique nécessite la volonté de dialoguer directement sur la base du respect mutuel et des intérêts communs".
Mais l'Iran a souligné sa volonté de poursuivre son programme nucléaire en insistant sur son caractère purement pacifique, malgré plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, dont trois assorties de sanctions.