Une grève nationale des transports a débuté lundi au Maroc pour protester contre l'indexation des prix du carburant sur les cours internationaux. La veille, des milliers de personnes ont également défilé dans les rues de Casablanca.
La grogne sociale pourrait rapidement s’étendre au Maroc. Alors qu'à Rabat, des milliers de personnes ont manifesté, dimanche 22 septembre, contre "la vie chère" et le gouvernement islamiste d'Abdelilah Benkirane, près de 110 syndicats de transport ont lancé lundi une grève nationale de 72 heures. Exit bus, autocars, camions, taxis… ce qui pourrait rapidement paralyser le pays.
Raison de cette colère ? L’augmentation des prix des carburants et des produits de première nécessité, après l’indexation des prix sur les cours internationaux pour juguler le déficit. À cela s'ajoute une récente hausse de 6% du prix du lait, "la première depuis 2009".
"Nous manifestons contre les produits qui deviennent trop chers, le lait, la viande, et maintenant l'essence. Et il n'y a pas de travail. On ne veut plus de (Abdelilah) Benkirane, il n'a rien fait", a affirmé à l'AFP Hassan Marrakchi, 48 ans. "On est là pour que la situation change. Il faut augmenter les salaires. Surtout que la hausse des prix, ça devient trop!", a ajouté Redouane Moutahader, 44 ans, venu de Casablanca.
"Le gouvernement doit absolument revenir sur ses décisions"
Et les manifestants ne comptent pas s'arrêter là. Après cet arrêt de travail, les professionnels des transports comptent marcher sur Rabat, où dimanche des travailleurs, des familles, mais aussi beaucoup de jeunes avaient déjà répondu à l'appel du syndicat UGTM, proche de l'Istiqlal. Ce parti conservateur a claqué la porte de la coalition gouvernementale il y a quelques mois. Dans le cortège, de nombreux étendards sur lesquels figuraient une main avec un pouce dirigé vers le sol, et des slogans hostiles au Premier ministre Abdelilah Benkirane.
"C'est un message clair, adressé au gouvernement, qui doit absolument revenir rapidement sur ses décisions (...). Nous appelons à des grèves dans toutes les villes et les campagnes du Maroc", a déclaré Hamid Chabat , le patron de l'Istiqlal et maire de Fès (centre).
"Il n’est pas normal qu’un gouvernement minoritaire prenne ce genre de décisions, il fallait attendre la loi de Finances 2014. Nous avons bien nos propres propositions alternatives, que nous réservons pour le débat sur le prochain budget. L’Istiqlal est allié stratégique, notre alliance est historique, et il était normal que nous soyons là", a affirmé sur le site Médias 24 Habib El Malki, président du Centre marocain de conjoncture (CMC).
Une hausse de 5 % à 8 % du prix de l'essence
Face à un déficit ayant atteint 7,3% du PIB en 2012, le gouvernement emmené par les islamistes du Parti justice et développement (PJD), a décidé d'indexer de manière "partielle" et "limitée" les prix des carburants sur les cours internationaux. Entrée en vigueur mi-septembre, cette décision a aussitôt entraîné une hausse de 5 % à 8 % des prix à la pompe. Elle est présentée comme le point de départ d'une réforme de la caisse de compensation, qui subventionne à grands frais des produits de base. Son coût a explosé, frôlant en 2012 les 55 milliards de dirhams (4,9 milliards d'euros, soit 6 % du PIB).
"La force de ce gouvernement est de prendre une décision qui n'est pas populaire, mais doit être prise", a récemment déclaré à l'AFP le ministre en charge de cette réforme, Najib Boulif.
Il a annoncé des mesures d'accompagnement, afin d'éviter une inflation généralisée, notamment avec les coûts des transports. D'après le quotidien L'Économiste, une enveloppe de 150 millions de dirhams sera ainsi débloquée à l'attention de 85 000 conducteurs de taxi.