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Un journaliste marocain arrêté pour diffusion d'une vidéo d'Aqmi

Les autorités marocaines ont arrêté le rédacteur en chef d'un site d'information qui avait diffusé une vidéo d'al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Le document, aujourd'hui inaccessible, appelle au djihad au Maroc.

La police marocaine a arrêté le rédacteur en chef d'un site d'information qui avait diffusé une vidéo d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). D'une quarantaine de minutes, le document fustige la monarchie marocaine et appelle au djihad.

Ali Anouzla, rédacteur en chef du site Lakome.com, a d'abord été accusé dans un communiqué du procureur général du roi, repris par l'agence de presse marocaine MAP, d'avoir diffusé une vidéo contenant un appel direct à la violence. Par la suite, le ministère de la Justice l'a seulement accusé d'avoir publié un lien internet vers la vidéo.

Ce lien renvoyait à une version de la vidéo hebergée par le quotidien espagnol "El Pais". Il a été désactivé mardi soir, après que le ministère marocain de la Justice a fait part de sa préoccupation aux autorités espagnoles.

Rabat va poursuivre "El Pais"

La vidéo en question, d'une durée de 41 minutes et intitulée: "Maroc, le royaume de la corruption et du despotisme", a été commentée en première page de la presse marocaine la semaine dernière.

Mardi soir, Ali Anouzla, journaliste bien connu au Maroc pour ses éditoriaux critiques de la politique du gouvernement, se trouvait toujours en garde-à-vue à Casablanca, selon des proches. Il pourrait être poursuivi dans le cadre d'une loi antiterroriste.

Dans un communiqué distinct, le ministère de la Justice a de son côté annoncé que le gouvernement marocain allait porter plainte, en Espagne, contre le quotidien "El Pais", pour avoir diffusé cette même vidéo d'Aqmi sur son site internet. D'après le texte, le ministre de la Justice, Mustapha Ramid, a contacté son homologue espagnol, Alberto Ruiz-Gallardon, pour lui faire part de la "préoccupation" de Rabat.

Ali Anouzla, qui avait déjà fait l'objet de poursuites judiciaires par le passé, a reçu le soutien du mouvement pro-réformes du 20-Février, né durant le Printemps arabe, qui a appelé mardi dans un communiqué à sa "libération sans condition". Un sit-in de protestation est prévu mercredi à Casablanca.

Le Maroc a été la cible de plusieurs attentats ces dix dernières années, dont ceux de Casablanca en mai 2003. Perpétrés par 12 kamikazes, ils avaient fait 33 morts. Les autorités annoncent régulièrement le démantèlement de "cellules terroristes", la plupart liées à Al-Qaïda.

Avec dépêches