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Reportage : les Damascènes soulagés face aux tergiversations occidentales

Alors que l'Occident temporise après avoir brandi la menace de "punir" le régime de Bachar al-Assad, l'envoyé spécial de FRANCE 24 à Damas s'est rendu dans le plus vieux souk de la capitale où le soulagement de la population est palpable.

La population syrienne vivait depuis deux jours dans l'attente. Après l’escalade verbale des chefs d’État occidentaux, les Syriens s'attendaient à voir des missiles américains et britanniques tomber sur leur pays. Désormais, les tergiversations et la nouvelle prudence des Occidentaux sont vécu comme un sursis. Sous surveillance du régime, les envoyés spéciaux de FRANCE 24 à Damas, Antoine Mariotti et Patrick Hermansen, se sont rendus jeudi 29 août dans le plus vieux souk de la ville, noir de monde. Là, une femme explique aux journalistes que mercredi encore, sous la menace des frappes américaines, elle avait préféré rester cloîtrée chez elle. "Hier, j’avais peur, j’ai pleuré, je suis restée à la maison avec mes enfants, terrée dans des coins. Mais aujourd’hui, inch'allah, ça va mieux !", se confie-t-elle dans un grand sourire.

Les hommes, en revanche, peu enclins à exprimer leurs craintes, ont toujours le même discours, rapporte Antoine Mariotti. "C’est vrai que l’Amérique était censée nous frapper aujourd’hui, ils pensaient qu’on avait peur, mais c’est resté sans effet. Ils savent que s’ils nous frappent, ils déclencheront la Troisième Guerre mondiale", affirme ainsi un homme également rencontré au souk.

"La vie continue"

Dans les rues de Damas, comme dans les coulisses du régime, rapporte le journaliste, une comparaison revient : la guerre en Irak. Ainsi, le ministre de la Justice, Najem al-Ahmad, qui, sans surprise, estime que son pays est dans la même situation que l’Irak il y a 10 ans. "Quel est l’intérêt de ces frappes ?, s’interroge le ministre. Tout ça pour qu’un responsable américain ou français revienne nous voir dans quelques années pour nous dire : 'excusez-nous, on s’est trompés'. Pendant ce temps-là, ces civils et des enfants auront été tués."

Dans le plus ancien souk de Damas, comme dans la plupart des quartiers du centre-ville, la situation semble bien éloignée de celle des faubourgs de la capitale, en proie à des combats quotidiens. "On sent bien que les Syriens suivent les informations au fur et à mesure, mais la vie continue, le souk est noir de monde, comme les terrasses des cafés, rapporte Antoine Mariotti. Les Syriens sont fatalistes : ça sera un malheur de plus, mais la guerre est déjà là, ça ne peut pas être bien pire."